États-Unis, France : déficits et différences 

États-Unis, France : déficits et différences 

La France a enregistré un déficit public de 5,5 % du PIB en 2023. La possibilité de ramener le déficit du pays à moins de 3 % d’ici 2027 s’est amoindrie comme l’a souligné le FMI. Dans le même temps, les États-Unis ont connu, un déficit de 7,5 % du PIB. De taille différente, les deux pays sont dans des situations assez comparables. Ni aux États-Unis ni en France, les investisseurs n’émettent, pour le moment, un avis négatif sur l’ampleur des déficits.

Une croissance soutenue par les dépenses publiques

Le déficit élevé aux États-Unis a tiré vers le haut la croissance qui a atteint 2,5 % en 2023. Celle de la France a été de 0,9 %, supérieure à la moyenne de la zone euro (+0,5 %). En France, comme aux États-Unis, la croissance a été soutenue par les dépenses publiques. Les deux pays se caractérisent, notamment par leur politique économique de nature keynésienne, par leur important déficit commercial ainsi que par un déficit de la balance des paiements. 

Ce dernier est financé grâce à l’apport de capitaux extérieurs. Ces entrées de capitaux de non-résidents aux États-Unis et en France excluent le déclenchement d’une crise de balance des paiements. Les entrées de capitaux des deux pays représentent en moyenne 4 % du PIB ces dix dernières années. 

Si des similitudes existent entre les États-Unis et la France concernant leur déficit, des différences importantes sont néanmoins à souligner. Le déficit américain est la conséquence de la réforme fiscale engagée par Donald Trump en 2017 qui s’est traduite par une diminution des taux d’imposition pour les ménages et les entreprises. Il est également provoqué par les mesures de soutien à l’investissement dans le cadre de la transition écologique (Inflation Reduction Act et Chips Act). Enfin, la hausse des taux d’intérêt a accru le service de la dette de l’État fédéral. Ces intérêts représentent 4 % du PIB en 2023, contre 3,5 % en 2020.

contrainte budgetaire

La croissance française avoisine 1 % sur longue période. Deux fois inférieure à celle des États-Unis.

Le déficit français résulte avant tout de la faiblesse de la croissance et du taux d’emploi. Le service de la dette a légèrement progressé ces deux dernières années mais reste faible : 1,7 % du PIB en 2023 contre 2,7 % en 2010. La croissance française avoisine en moyenne, à peine 1 % sur longue période. Elle est deux fois inférieure à celle des États-Unis. 

Le rôle des transferts publics aux ménages différencie les deux pays. En France, ces derniers pèsent 30 % du PIB, contre moins du quart aux États-Unis. Le déficit en France est en grande partie imputable aux dépenses de fonctionnement quand pour les seconds il est lié à celles d’investissement.

De 2010 à 2023, la productivité par tête s’est accrue de 22 % aux États-Unis, contre 3 % en France.

Les États-Unis consacrent une part plus importante de leur budget à la recherche que la France. Par ailleurs, celle-ci est confrontée à une baisse de la productivité qui handicape sa croissance potentielle. De 2010 à 2023, la productivité par tête s’est accrue de 22 % aux États-Unis, contre 3 % en France. Chez cette dernière, elle a baissé de plus de 5 % entre 2019 et 2023. 

La France est, avec l’Italie, le seul pays membre de l’Union européenne à avoir un déficit public supérieur à 5 % du PIB. Il est également un des rares pays de l’Union européenne à avoir enregistré une détérioration de ses comptes publics l’année dernière. 

À la différence des États-Unis, la France ne peut pas compter sur la croissance pour réduire son déficit. Tant que les capitaux étrangers accepteront d’investir en France, la situation est tenable mais elle pourrait rapidement se compliquer en cas de retournement des investisseurs.

Auteur/Autrice

  • Philippe Crevel est un spécialiste des questions macroéconomiques. Fondateur de la société d’études et de stratégies économiques, Lorello Ecodata, il dirige, par ailleurs, le Cercle de l’Epargne qui est un centre d’études et d’information consacré à l’épargne et à la retraite en plus d'être notre spécialiste économie.

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