La France, une économie internationalisée

La France, une économie internationalisée

6,8 millions de salariés travaillent à l’étranger pour des firmes françaises et 3,5 millions de résidents en France travaillent pour des sociétés étrangères.

Les grandes entreprises françaises sont présentes dans un nombre croissant de pays dans lesquels elles réalisent une part essentielle de leur chiffre d’affaires. La France accueille également de nombreuses entreprises étrangères, présentes essentiellement en Ile-de-France et dans les zones frontalières.

Les firmes françaises emploient 6,8 millions de salariés à l’étranger

En 2019, les firmes multinationales françaises (hors secteur bancaire et services non marchands) contrôlaient 48 200 filiales à l’étranger dans plus de 190 pays. La moitié de ces firmes sont implantées dans un seul pays étranger. Ces filiales employaient 6,8 millions de salariés, ce qui représentait 56 % des effectifs des firmes dont elles font partie. Elles ont réalisé, en 2019, 1 395 milliards d’euros de chiffre d’affaires consolidé, soit la moitié du chiffre d’affaires total des firmes multinationales françaises. Celles-ci ont effectué 68,3 milliards d’euros d’investissements corporels dans leurs filiales à l’étranger.

Les filiales à l’étranger essentiellement issues des grandes entreprises françaises

Les grandes firmes multinationales emploient plus de 5 000 personnes en France et réalisent un chiffre d’affaires annuel consolidé sur le territoire national supérieur à 1,5 milliard d’euros. En 2019, elles possédaient 45% des filiales à l’étranger des firmes multinationales françaises. La moitié des grandes firmes sont implantées dans au moins 11 pays étrangers. Elles réalisaient 83% du chiffre d’affaires consolidé total et employaient 77% des effectifs des filiales à l’étranger. Elles concentraient également 77% des investissements réalisés par les firmes multinationales françaises dans leurs filiales à l’étranger.

La moitié des filiales françaises sont implantées dans neuf pays. Les États-Unis (5 300 filiales), le Royaume-Uni (3 700 filiales) et l’Allemagne (3 600 filiales) concentrent un quart des filiales françaises à l’étranger. Le chiffre d’affaires consolidé était également plus important dans les pays précités : 265 milliards d’euros aux États-Unis, 114 milliards d’euros en Allemagne et 108 milliards d’euros au Royaume-Uni. Avec la Chine (83 milliards), l’Italie (76 milliards) et l’Espagne (72 milliards), ces pays concentraient la moitié du chiffre d’affaires consolidé total (51 %). L’Union européenne représentait un peu moins de la moitié des filiales de multinationales françaises (47% soit 22 800 filiales) et du chiffre d’affaires consolidé total (43% soit 596 milliards d’euros).

Fabriqué en France

Les États-Unis, la Chine et le Brésil représentent 25 % du total des emplois à l’étranger des multinationales françaises

En matière d’effectifs salariés à l’étranger, les trois premiers pays étaient les États-Unis (750 000 salariés), la Chine (481 000) et le Brésil (470 000). Ces trois pays représentaient 25 % du total des emplois à l’étranger des multinationales françaises et 41 % des emplois hors Union européenne. Au niveau de l’Union européenne, le Royaume-Uni (444 000 salariés), l’Allemagne (434 000) et l’Espagne (389 000) représentent 19 % du total des emplois à l’étranger des multinationales françaises et 48 % des emplois localisés dans l’Union européenne. Ces six pays concentrent un peu moins de la moitié des effectifs employés hors de France dans les firmes multinationales françaises (44 %).

Les filiales suisses, belges et néerlandaises se distinguent par des chiffres d’affaires relativement élevés. Elles se classaient, en 2019, respectivement en 7e, 8e et 10e positions pour le chiffre d’affaires consolidé. Par contre, elle étaient plus loin pour les effectifs salariés : respectivement en 22e, 12e et 13e positions.

Concentration des emplois commerciaux en Chine et au Brésil

Dans les firmes multinationales françaises, 42 % des salariés des filiales implantées à l’étranger travaillent dans les services, 35 % dans l’industrie, 19 % dans le commerce et 4 % dans la construction.

Dans les filiales industrielles, comme dans celles des services, l’emploi est concentré principalement dans six pays. Cinq pays sont communs aux deux secteurs : les États-Unis, l’Allemagne, le Royaume-Uni, l’Espagne et le Brésil. La Chine est en 3e position dans l’industrie et l’Inde en 2e dans les services. Le secteur du commerce est particulier, 32 % des salariés des filiales commerciales sont concentrés dans deux pays, le Brésil (17 %) et la Chine (15 %).

Les multinationales étrangères en France

En 2018, en France, les multinationales étrangères employaient 13% des effectifs salariés français répartis dans 3,6% des établissements. Ces emplois sont dits sous contrôle étranger. L’industrie manufacturière concentre 35% des emplois des multinationales étrangères. Les activités de fabrication de machines, la métallurgie et la fabrication de produits métalliques, la fabrication de matériels de transport et la fabrication de produits en caoutchouc et en plastique rassemblent la moitié des emplois sous contrôle étranger dans l’industrie manufacturière.

En 2018, les multinationales basées aux États-Unis, en Allemagne et au Royaume-Uni contrôlent la moitié des effectifs des multinationales étrangères en France. Les autres pays de l’Union européenne en rassemblent un tiers. La Chine contrôle 20 000 emplois (1,2 % du total), ce qui la place au 1er rang des pays émergents. Ces derniers cumulent 2,7 % des emplois contrôlés en France. Dans quinze zones d’emploi, la part des pays émergents est comprise entre 10 % et 25 %. C’est souvent en raison de la présence d’un grand établissement. Par exemple, dans les zones d’emploi de Carhaix-Plouguer et de Montluçon, la Chine est présente dans l’industrie agroalimentaire et l’industrie chimique. Dans les bassins d’emplois de Montbéliard ou Maubeuge, l’Inde est présente avec la fabrication de matériel de transport et la métallurgie.

Les zones frontalières

De plus, le contrôle étranger est marqué dans les zones d’emploi du Nord-Est longeant les frontières. Notamment les frontières belge, luxembourgeoise et allemande. Les proximités géographiques et culturelles et la qualification des travailleurs, alliées à un réseau d’infrastructures dense le long de la frontière, facilitent l’accès au marché français. De fait, dans ces zones, le taux de dépendance est ainsi toujours supérieur à la moyenne nationale.

En outre, pour les zones d’emploi frontalières de l’Allemagne, le contrôle étranger est particulièrement fort dans l’industrie. Dans les zones de Haguenau (métallurgie), de Sarreguemines et de Saint-Avold (matériel de transport), les taux de dépendance sont parmi les plus élevés de France. On compte trois emplois sur dix sous contrôle étranger. À la frontière belge, plus particulièrement dans les zones d’emploi de Dunkerque et de Valenciennes, la proportion d’emplois contrôlés par des entreprises étrangères atteint respectivement 27 et 21 %. La raison principale est la présence de sites industriels importants dans la métallurgie pour le premier (ArcelorMittal) et dans la fabrication de matériels de transport pour le second (Toyota).

La part de l’emploi sous contrôle étranger augmente avec la taille de la zone d’emploi.

Les deux zones abritant les métropoles de Paris et de Lyon rassemblent 26 % de l’emploi contrôlé en France par des multinationales étrangères, alors qu’elles ne représentent que 20 % de l’emploi total. À Paris, la moitié des effectifs sous contrôle étranger est concentrée dans les services. Notamment dans les activités informatiques et de sièges sociaux. Pour cette dernière activité, Paris rassemble plus de 60 % des emplois contrôlés par des firmes étrangères (31 000 emplois sur 50 000). Dans la zone de Lyon, le contrôle étranger est plus marqué dans l’industrie, avec un emploi sur trois sous contrôle étranger dans l’industrie manufacturière conformément à la moyenne nationale. Ce, en particulier dans l’industrie automobile, la fabrication de machines et équipements et l’industrie chimique. Les zones d’emploi de Toulouse, Marseille et Bordeaux rassemblent respectivement 36 000, 25 000 et 24 000 emplois. Tous dépendant de firmes étrangères (soient les 5e, 12e et 13e rangs en nombre d’emplois).

Par ailleurs, dans le sud de la France, excepté dans les zones d’emploi abritant des métropoles, le contrôle étranger est faible. Les établissements appartiennent plus rarement à des multinationales et sont, en moyenne, plus petits qu’ailleurs. Le tissu économique est par ailleurs plus tourné vers le commerce et les services. La Corse et les DOM se caractérisent par une faible présence d’entreprises étrangères en lien avec le poids faible de l’industrie dans ces régions.

Auteur/Autrice

  • Philippe Crevel est un spécialiste des questions macroéconomiques. Fondateur de la société d’études et de stratégies économiques, Lorello Ecodata, il dirige, par ailleurs, le Cercle de l’Epargne qui est un centre d’études et d’information consacré à l’épargne et à la retraite en plus d'être notre spécialiste économie.

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