Les Jeux Olympiques et Paralympiques sont-ils une bonne affaire pour la France ? 

Les Jeux Olympiques et Paralympiques sont-ils une bonne affaire pour la France ? 

Pour la première fois en cent ans, la France organise les Jeux Olympiques et Paralympiques entre le 26 juillet et le 11 août et entre le 28 août et le 8 septembre. Les Jeux sont avec la Coupe du Monde de Football l’événement sportif le plus regardé sur la planète. 4 milliards de personnes soit la moitié de la population mondiale regarderont au moins une épreuve. 15 millions de spectateurs assisteront aux Jeux dont 12 % en provenance de l’étranger. Pour autant, depuis plusieurs mois, des voix se font entendre pour critiquer les Jeux, leur organisation.
Des officines étrangères multiplient sur les réseaux sociaux des fausses informations afin de nuire à l’image de la France et créer un climat délétère autour de cet événement. Au moment où la France est confrontée à un problème de déficit public, la question du coût des Jeux Olympiques et Paralympiques a été soulevée.

Un coût à géométrie variable

Le coût global des Jeux Olympiques et Paralympiques est difficile à évaluer, car il faut prendre en compte les coûts directs (construction d’équipements, personnel) et les coûts indirects (sécurité, transports, etc.). Il faut également intégrer les retombées sur les prochaines années. La facture brute des Jeux est évaluée actuellement autour de 9 milliards d’euros. Le budget du Comité d’Organisation des JO (Cojo) est de 4,4 milliards d’euros financé à 96 % par le secteur privé (vente des billets, parrainage, etc.). Le budget de la Société de livraison des ouvrages olympiques (SOLIDEO) qui est un établissement public chargé de la livraison des ouvrages et des opérations d’aménagement nécessaires à l’organisation et au déroulement des Jeux, s’élève également à 4,4 milliards d’euros dont 1,7 milliards est de nature publique. La Cour des Comptes a révisé à la hausse au mois de mars le coût assumé par les pouvoirs publics. Il pourrait se situer entre 3 et 5 milliards d’euros. La facture a été, ces derniers mois, alourdie en raison par exemple de la décision d’attribuer des primes aux fonctionnaires et aux salariés des entreprises publiques qui seront mobilisées durant les Jeux.

Les Jeux de Paris figureront parmi les moins coûteux de l’histoire olympique

Le renforcement de la sécurité en lien avec les craintes accrues d’attentats engendre des surcoûts. Pour le cabinet d’études économiques « Asteres », dirigé par Nicolas Bouzou, le coût total pourrait atteindre 11,5 milliards d’euros.
Quoi qu’il en soit, les Jeux de Paris figureront parmi les moins coûteux de l’histoire olympique. La facture des Jeux de Tokyo a été évaluée à 19,5 milliards d’euros, Jeux sans public en raison du Covid, celle de Rio a dépassé 43 milliards d’euros tout comme celle de Pékin. Les Jeux de Londres avec 14 milliards d’euros de dépenses sont ceux qui se rapprochent le plus de ceux de Paris. Les Jeux d’Atlanta ont donné lieu à un montant faible de dépenses, autour de 5 milliards d’euros. Cette faible facture s’explique par l’utilisation de nombreuses installations sportives existantes, ce qui est également le cas pour Paris.

Une dérive incontournable mais a priori limitée

Le principal risque auquel sont confrontées les villes organisatrices est la dérive des budgets. Les Jeux de Séoul en 1988 qui devaient coûter 4 milliards de dollars ont finalement occasionné une dépense de plus de 8,3 milliards d’euros. La palme de la dérive est pour Pékin. Le montant des Jeux a atteint plus de 40 milliards de dollars pour un budget initial de 2,6 milliards de dollars. Parmi les moins rigoureux figurent aussi Athènes et Londres avec un doublement des budgets. Atlanta, en 1996, a presque respecté l’enveloppe prévue dans le dossier de candidature.
Les Jeux d’Hiver n’échappent pas également à l’inflation des budgets. Ainsi, ceux de Sotchi, en 2014, ont été les plus dispendieux de l’histoire, avec un budget total de 36 milliards d’euros. Les Jeux à Paris connaissent quelques dérapages. Le coût de la piscine de Saint Denis est ainsi passé de 90 à 175 millions d’euros. Des surcoûts sont à prévoir également pour la sécurité mais sans provoquer de dérapages importants. Lors du dépôt des dossiers de candidature, les Gouvernements et les Comités Olympiques nationaux ont tendance à sous-estimer les coûts et à multiplier les promesses afin de remporter l’organisation des Jeux avec, de ce fait, une dérive quasi automatique des budgets.
Depuis plusieurs années, le Comité International Olympique veille de plus en plus à étudier la faisabilité budgétaire des projets. Pour les jeux de 2024, le Comité français du sport international (CFSI) avait fixé un chiffre de 6,2 milliards d’euros pour le budget prévisionnel ce qui n’était pas réaliste.

Les Jeux sont profitables

Selon une étude du cabinet Sport+Markt, depuis 1980, les Jeux olympiques auraient rapporté plus qu’ils n’ont coûté. 220 millions de dollars de bénéfice pour Los Angeles et Séoul, 10 millions pour Atlanta, et même 145 millions pour Pékin. Le bénéfice le plus important a été atteint par Sydney, en 2000, avec 1,75 milliard de dollars.
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Pour certains économistes, un pays organisant une compétition internationale comme une Coupe du Monde pourrait bénéficier d’un surcroît de croissance de 0,2 à 0,3 point de PIB l’année de l’événement. En prenant en compte la réalisation des infrastructures et les retombées, l’impact pourrait atteindre 0,7 à 0,8 % du PIB. Selon une étude du CDES sur l’impact de l’Euro de football de 2016, les retombées ont été évaluées a minima à 1,3 milliard d’euros. Les dépenses de construction ou de modernisation des infrastructures pour l’Euro 2016 s’élèvent à 1,7 milliard d‘euros. 20 000 emplois ont été créés.
Au-delà des coûts et des recettes brutes immédiates, il convient de prendre en compte les retombées dans le temps ainsi que les recettes indirectes. Les milliers d’heures de programmes, en équivalent publicités, se chiffrent en milliards de dollars. Elles entraîneront des réservations par des millions de touristes en provenance de toute la planète.
Les Jeux contribuent à accélérer la réalisation d’investissements qui étaient de toute façon programmés. Les infrastructures routières et ferroviaires des Jeux olympiques d’hiver d’Albertville en 1992 étaient prévues mais, maintes fois reportées, pour des raisons budgétaires ou écologiques. Londres a également utilisé les Jeux Olympiques pour remodeler l’est de la ville. Pendant plus de quatre semaines, la France bénéficiera d’une visibilité médiatique importante d’autant plus que de nombreuses épreuves se dérouleront sur des sites historiques comme le Château de Versailles, la place de la Concorde, les Invalides, la Tour Eiffel, etc.
Pour la première fois, la cérémonie d’ouverture aura lieu en-dehors d’un stade, les athlètes défilant sur la Seine à bord de péniches. Les Jeux version 2024 mettront également en valeur Marseille pour les épreuves de voile et Tahiti pour le surf.

Auteur/Autrice

  • Philippe Crevel est un spécialiste des questions macroéconomiques. Fondateur de la société d’études et de stratégies économiques, Lorello Ecodata, il dirige, par ailleurs, le Cercle de l’Epargne qui est un centre d’études et d’information consacré à l’épargne et à la retraite en plus d'être notre spécialiste économie.

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