Londres au temps du Brexit et de la Covid

Londres au temps du Brexit et de la Covid

Qu’est-ce que vivre à Londres au temps du Brexit et de la pandémie de Covid-19 ? Au fil de ce reportage, la question est posée et se pose encore. Pour nous aider dans notre cheminement, Nicolas Hatton, Isabelle Blanchot et Antoine nous livrent leur vision de leur quotidien britannique en tant qu’expatrié.

Nicolas Hatton est élu consulaire de la circonscription de Londres et fondateur de l’association The 3 Millions, mouvement pour la défense des droits des Européens installés au Royaume-Uni au moment du Brexit. De son côté, Isabelle Blanchot est présidente du Conseil consulaire au Royaume-Uni. Antoine, quant à lui, est un étudiant français parti étudier à Warwick après l’obtention de son Bac dans le Lycée français de Bruxelles.

Un réveil au goût amer

Le lendemain du référendum en faveur du Brexit, Nicolas Hatton s’est réveillé avec la sensation d’avoir perdu un proche. Ils étaient 3 millions d’Européens installés au Royaume-Uni à partager son sentiment. Jusqu’au 31 janvier 2020, au moment de la sortie officielle de la couronne britannique de l’Union européenne, ils ont été nombreux à ne plus avoir l’impression d’être les bienvenus dans leur pays d’adoption. Un mois plus tard, avec la crise de la Covid-19, cette sensation s’est exacerbée. Ils ont dû tout repenser, comme leur mobilité ou devoir demander un visa pour pouvoir rester chez soi, en Grande-Bretagne.

« Ces cinq années qui viennent de passer ont été dures. »

Nicolas Hatton, élu consulaire de la circonscription de Londres et fondateur de l’association The 3 Millions

Une pandémie à la gestion difficile

Le mélange du Brexit et de la Covid-19 a créé un engorgement du consulat et des administrations. Si les élus consulaires, comme Isabelle Blanchot, étaient des relais d’informations dans les deux sens pendant la crise et ont augmenté les échanges entre le consul et ses équipes dès le début de la crise, cela n’a pas empêché la pandémie d’impacter les services du consulat. Des idées sont alors soulevées pour alléger le travail du consulat et faciliter les démarches.

Londres, Covid
Ligne de bus sur le pont de Westminster pendant le confinement – Londres, Royaume-Uni

Les étudiants au cœur du chamboulement

Au milieu des Français établis de longue date, des travailleurs et des retraités, il y a les étudiants. Eux qui ont tant rêvé des pelouses anglaises des campus et des pubs anglais à la sortie des cours, ont dû revoir leurs attentes à la baisse. Adieu les campus et les pubs, retour chez les parents.

Cette année en distanciel n’a pas été si terrible que cela pour Antoine. Il y a vu les aspects positifs d’être dorloté une année de plus et de pouvoir organiser ses journées comme il le souhaitait. Il concède tout de même la mauvaise gestion de la crise par les autorités et les difficultés rencontrées pour pouvoir rentrer en Belgique, où résident ses parents. De plus, aux yeux d’Antoine, les étudiants ont bel et bien été oubliés pendant la crise et il a vu nombre de ses amis français abandonner leurs études. Si une nouvelle crise devait venir à se présenter, il espère que les étudiants pèseront plus lourd dans la balance, car avoir le confort de chez ses parents c’est bien pour un temps. Il est important pour eux de se découvrir, de vivre par eux-mêmes et d’avoir une vie sociale. Cette nouvelle année devrait mieux se présenter, bien que le variant Omicron commence à faire planer le doute.

Vers une gestion internationale de la pandémie ?

« Je ne pense pas du tout qu’on aura une coopération à ce niveau-là. » Pour Nicolas Hatton, c’est clair et net, une coopération entre le Royaume-Uni et l’Union Européenne est vouée à l’échec. Avec le Brexit nous avons assisté à l’isolement diplomatique du royaume et à sa volonté de suivre ses uniques envies et désirs. Cette situation impose une double sentence aux Français établis sur l’île comme l’explique Isabelle Blanchot, car non seulement Boris Johnson se positionne et appuie son nationalisme, et de l’autre Emmanuel Macron se lance – non officiellement – dans la campagne présidentielle et adopte le même effet d’annonce. 

Malgré toutes les difficultés actuelles pour aller au Royaume-Uni et vivre sur place, le président de The 3 Millions ne cessera pas d’encourager ses concitoyens français à tenter l’aventure de s’installer au Royaume-Uni. « Si c’est votre rêve, allez-y ».

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Auteur/Autrice

  • Jérémy Michel a travaillé de nombreuses années pour des élus et a coordonné les affaires publiques européennes d'une grande entreprise française. Installé à Bruxelles depuis 2000, il est actuellement coach et consultant.

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