Attaque aux drones et flambée du pétrole : Quel impact sur le prix à la pompe ?

Une augmentation des prix à la pompe dans les prochains jours semble inévitable, après l’attaque inédite qui a frappé l’Arabie Saoudite. Le secteur du pétrole s’installe dans une crise.

Samedi, cette attaque aux drones a frappé deux sites de l’entreprise publique Aramco, le géants du secteur : la plus grande usine de traitement, située à Abqaiq ainsi que l’un de ses principaux champs pétroliers, à Khurais. Revendiquée par les rebelles yéménites houthis, cette double attaque a obligé l’entreprise à suspendre temporairement une partie de sa production de pétrole, créant une embardée du prix du baril.

Quels sont les effets sur la production mondiale ?

Ce n’est pas un secret, l’Arabie Saoudite, c’est un géant du pétrole dans le monde. Le royaume est le premier exportateur, le troisième producteur mondial et plus généralement, un membre important de l’OPEP (Organisation des pays exportateurs de pétrole) et la deuxième réserve mondiale de pétrole. Les attaques et la réduction d’environ la motié de la production de pétrole saoudien qui a suivi ont eu pour principal effet de réduire l’approvisionnement mondial en pétrole de 6 %.

En bourse, ça n’a pas manqué, les prix ont augmenté : après avoir bondi de 20 % à Londres en début de matinée (la plus grande envolée depuis la première guerre du Golfe, en 1991), le baril de Brent de la mer du Nord, référence européenne, gagnait dans la matinée de lundi 6,65 dollars, soit 11,04 %, tandis que la référence américaine, le WTI prenait 5,38 dollars, soit une augmentation de 9,81%. C’est

Le prix de l’essence va-t-il augmenter ?

Une augmentation des prix à la pompe dans les prochains jours semble inévitable. Le prix d’un litre d’essence se divise comme suit : le coût du baril représente environ 30 %, les taxes 60 %. Les 10 % restant sont associés aux coûts de transports et à la marge réalisée par les distributeurs. Mécaniquement, si le prix du baril augmente, le tarif affiché à la pompe aussi.

« On peut s’attendre assez rapidement à une augmentation de l’ordre de 4 ou 5 centimes » parce que « les grandes sociétés répercutent au jour le jour l’évolution des prix sur le marché de Rotterdam sur l’essence et le gazole », a confirmé Francis Duseux, président de l’Union française des industries pétrolières (UFIP). « Cinq centimes, à supposer que ça reste à ce niveau, c’est tout à fait considérable. C’est peut-être ce qu’il y a de plus inquiétant pour les Français », a-t-il encore souligné.

Une pénurie est-elle possible ?

D’après le président de l’UFIP, le pays est à l’abri d’une pénurie d’approvisionnement en carburant :  « On a en France trois mois de stocks de réserve, c’est la loi qui nous oblige à posséder dans des stockages trois mois de la consommation de l’année précédente ».

Au niveau mondial, une pénurie est aussi difficilement inimaginable. Selon des experts, l’Arabie Saoudite serait en mesure de rétablir rapidement un tiers de sa production. Ryad a aussi déjà promis de mobiliser ses vastes réserves pour amortir le choc. Le président américain, Donald Trump s’est dit prêt à faire de même, pour amortir le choc pétrolier, twittant notamment qu’il y avait « énormément de pétrole ».

« Pour le moment, les marchés sont bien approvisionnés avec de nombreuses réserves commerciales », a confirmé lundi matin l’Agence internationale de l’énergie (AIE).

Combien de temps cela va-t-il durer ?

C’est l’une des principales inconnues. Tout dépendra tout d’abord des capacités de l’Arabie Saoudite à réparer ses installations et à reprendre une production normale. Mais c’est surtout l’augmentation des tensions dans la région que craignent les marchés financiers, notamment le risque d’une escalade militaire entre les États-Unis et l’Iran, après un mois de tensions diplomatiques entre les deux pays.

Après l’attaque revendiquée par les rebelles yéménites houtis, soutenus par l’Iran, les États-Unis se sont dits « prêts à riposter » aux attaques de drones, après que le secrétaire d’État américain, Mike Pompeo, a accusé samedi la République islamique d’être à l’origine des attaques. Des accusations que Téhéran a jugé « insensées » et « incompréhensibles », par la voix du porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Abbas Moussavi, qui a laissé entendre qu’elles avaient pour but de justifier « des actions futures » contre l’Iran.

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