Ce qu'il faut retenir de la conférence de presse d'Emmanuel Macron

Ce qu'il faut retenir de la conférence de presse d'Emmanuel Macron

Emmanuel Macron, qui avait promis de revenir très vite devant les Français après sa décision surprise dimanche de dissoudre l’Assemblée nationale au soir d’européennes catastrophiques pour son camp, a donné ce mercredi une conférence de presse. Financée sur le budget de la campagne du parti Renaissance, elle lance le top départ de la campagne pour la coalition Ensemble (Renaissance, Horizons, Agir, Modem).

Le peuple souverain

Le président a commencé la conférence de France en revenant sur sa décision. Pour lui, il s’agit d’un acte « de confiance » pour empêcher « notre pays d’être bloqué par les extrêmes » et un « retour au peuple souverain », « seule décision républicaine ».

« Ils ont clairement dit leur sentiment, aussi, de ne pas être écoutés, respectés. Leurs difficultés à avoir accès à des services de base. À tous ces messages, nous ne pouvons rester indifférents. »

Emmanuel Macron, le 12 juin 2024

Pour lui, depuis dimanche, « la bataille des valeurs éclate au grand jour », estime le chef de l’Etat. « Nous avons des alliances contre nature aux deux extrêmes qui ne sont d’accord sur rien, sinon des postes à partager », a ajouté Emmanuel Macron.

Au passage, Emmanuel Macron a accusé LFI de « créer un désordre parfois constant » et « inquiétant » à l’Assemblée nationale. Il n’épargne pas non plus la droite, qui aurait trahi les valeurs du Général de Gaulle, de Jacques Chirac et de Nicolas Sarkozy. C’est bien évidemment Eric Ciotti et son alliance, tant décriée, avec le RN, qui est dans le viseur.

Plus globalement, Emmanuel Macron a ainsi dénoncé  ces « bricolages d’appareil » et « alliances contre nature aux deux extrêmes qui ne sont d’accord sur à peu près rien, sinon les postes à partager, et qui ne seront pas en capacité d’appliquer un quelconque programme ».

Un nouveau « Mea culpa »

Comme en 2022, le Président de la République assume que sa majorité n’avait pas tout bien fait pour autant il juge le bilan des dernières années comme positif.

En réponse, Il promet un « dialogue exigeant construit et ouvert » à la fin des élections pour « réfléchir à la meilleure façon de gouverner la France ensemble ». Ainsi, le chef de l’Etat appelle « le 30 juin et 7 juillet » les électeurs à voter pour le parti présidentiel pour qu’il « puisse avoir un nombre maximal de députés » et ainsi « se mettre en capacité de bâtir un projet en commun ».

Il propose pour lutter contre ces extrêmes  un rassemblement des « sociaux-démocrates, des radicaux, des écologistes, des démocrates chrétiens, des gaullistes et plus largement, et [des] compatriotes et de responsables politiques qui ne se reconnaissent pas dans la fièvre extrémiste ».

« Je dis ici rassembler et non rallier, car je sais aussi les désaccords qui existent sur tel ou tel sujet avec l’ensemble des responsables des formations politiques ».

Emmanuel Macron, le 12 juin 2024

Renforcer l’axe régalien et notre modèle d’intégration

Le Président de la République voulant répondre à la poussée du RN est revenu longuement sur ses ambitions pour rétablir l’ordre et la cohésion nationale.

Face à l’extrême droite qui « [répond] à l’immigration en ne respectant plus le principe de l’asile » Emmanuel Macron assure « propos[er], plus de fermeté, mais dans le cadre de la République et de ses valeurs ». Le chef de l’Etat attaque aussi l’extrême gauche qui propose « une réponse par le communautarisme et le laxisme ». Il a, aussi, réaffirmé son souhait « d’intensifier la réponse républicaine » avec une plus « grande autorité républicaine » pour répondre à l’inquiétude d’une partie des Français.

Une des premières propositions du camp présidentiel, présenté par Emmanuel Macron, est de mettre en place un « grand débat » pour  « répondre efficacement à la question de la sécurité » mais aussi poser la question de la laïcité. Il devra en sortir, pour Emmanuel Macron, des « mesures claires sur les grands sujets ». Il en a profité pour annoncer que le service national universel devrait être généralisé pour faciliter l’intégration.

« Après avoir réinstauré l’instruction civique, l’enseignement culturel et artistique, nous sommes attachés à recréer des rites républicains. C’est pourquoi le service national universel doit être généralisé d’ici à la rentrée 2026 (…) Nous vivons dans le pays qui crée tant de tensions, c’est souvent et avant tout l’échec de notre modèle d’intégration. »

Emmanuel Macron, le 12 juin 2024

Écologie et nucléaire

Après un début de propos liminaire très marqué à droite sur les valeurs régaliennes et « le retour de l’autorité républicaine », Emmanuel Macron évoque désormais son « ambition écologique et économique ». Une nouvelle fois, il rappelle son bilan en se félicitant d’avoir « ces sept dernières années, créer plus de 2 millions d’emplois, commencer à réindustrialiser le pays, défendu son indépendance, renforcer sa souveraineté agricole, industrielle ».

« Nous sommes en train de préparer des textes en la matière sur l’industrie verte et l’agriculture qui reprendront dès que les Français, je l’espère, auront fait confiance à cette majorité », qui n’était que relative, a-t-il défendu. Le chef de l’Etat souhaite désormais « amplifier l’action pour la réindustrialisation et la réouverture des usines sur notre territoire. La création d’emplois, la reconnaissance du travail, l’indépendance énergétique, agricole et technologique ».

Alors qu’un projet de loi sur la simplification économique était à l’étude, M. Macron confirme qu’il « faut continuer à libérer les contraintes réglementaires et fiscales qui pèsent sur ceux qui veulent prendre des initiatives et donc renforcer la simplification ».

Au sujet de la transition énergétique, le président de la République réaffirme son ambition de « construire huit nouveaux réacteurs nucléaires, indispensables à cette transition », avant de critiquer « l’extrême droite » et « l’extrême gauche ». « A l’extrême droite, on nous explique qu’il faut choisir entre l’écologie et l’économie. C’est un renoncement au projet écologique », a-t-il fustigé.

Quant à « l’extrême gauche », M. Macron a notamment critiqué « sa politique de taxation totalement déraisonnable » et « sa politique de sortie du nucléaire encore défendue par une majorité de ceux qui aujourd’hui constituent cette alliance » qui mèneront selon à « l’affaiblissement là aussi du pays et donc les deux blocs aux extrêmes ».

D’une génération à l’autre

Tout d’abord, voulant faire taire « des rumeurs », Emmanuel Macron assure que « les retraites seront bien indexées sur l’inflation car le pouvoir d’achat des retraités n’est pas une variable d’ajustement pour nous ». Puis il a pris du temps pour revenir sur la réforme des retraites, pourtant impopulaire chez les Français. Il affirme que l’abrogation de la réforme, promise par le RN et la gauche, sera « un appauvrissement des retraités ». Un message envoyé aux retraités, qui forment désormais le cœur de l’électorat de Renaissance.

Puis il est revenu sur « l’accès au logement des jeunes », sujet sur lequel il concède que « nous n’avons pas assez avancé ». Aussi, il a indiqué que des « décisions claires » du gouvernement seront prises sur les nouveaux médias  « d’abord, en ne permettant pas l’usage des téléphones avant 11 ans et surtout, l’accès aux réseaux sociaux et à leur usage avant l’âge de 15 ans ».

Mieux vivre au quotidien

Égrenant ses grandes lignes pour la campagne des élections législatives, Emmanuel Macron évoque la volonté « de mieux vivre au quotidien ». Pour cela, il a déclaré que « Nous avons beaucoup fait là aussi en la matière. Mais nos compatriotes, à l’évidence, nous ont envoyé un message simple leur vie ne s’est pas assez améliorée », a-t-il reconnu, appelant « les forces la majorité » à bâtir « des réponses concrètes » sur le coût de l’énergie et la question du pouvoir d’achat.

Pour Emmanuel Macron, « le travail doit mieux payer » en étant « plus ambitieux pour mieux partager en quelque sorte les revenus du travail et de la richesse ». Il souhaite notamment églargie les primes Macron, sans charge et sans impôts, aux indépendants. Il plaide aussi pour « rouvrir le grand sujet du temps partiel subi des emplois rémunérés sous le smic », alors qu’il n’y a jamais eu autant de salariés au niveau du salaire minimum.

Autre point abordé par Emmanuel Macron le « modèle social protecteur, financier, responsabilisant ». Le chef de l’Etat met en avant « le réinvestissement dans la justice (+60 % de son budget) et dans les forces de sécurité, dans notre école, avec une augmentation de nos enseignants qui n’avait pas été connue depuis les années 1990. De notre santé, avec une augmentation pour les soignants qui n’avait pas été connue depuis les années 60. »

Le président de la République reconnaît que le modèle social « échoue trop souvent à prévenir » les inégalités et fait d’une « priorité indispensable (…) une réponse renforcée et crédible en matière d’accès à la santé, de lutte contre les déserts médicaux, de prévention en matière de santé et en matière de protection, d’accompagnement de nos enfants et de notre jeunesse. »

Enfin, Emmanuel Macron affirme qu’« il faudra supprimer un échelon territorial », afin de « ramener plus de simplicité et de liberté sur les territoires ». Le chef de l’Etat plaide pour « rouvrir la question de ces grandes régions » mises en place par François Hollande qui ont, d’après M. Macron, « éloigné la décision » des citoyens. Le chef de l’Etat appelle également à une « stabilité fiscale et normative pour les trois ans à venir ».

« Enfin, vivre mieux, c’est reconnaître que dans certaines villes, certains quartiers, dans la ruralité, nous devons avoir une réponse beaucoup plus drastique sur l’accès aux transports, à la santé, au logement », a-t-il également défendu, avant d’aborder la question des affaires étrangères.

Une diplomatie impossible

Vantant une « France puissance de paix et d’équilibre » sur l’Ukraine, le Proche-Orient et l’Europe et « une France puissance militaire indépendante », le président de la République estime que les « deux blocs aux extrêmes ne permettent pas ce schéma ».

Emmanuel Macron considère que l’extrême gauche est tenante d’une « vision balkanisée » des relations internationales, arguant d’une « opposition de certaines forces à la dissuasion nucléaire française et une opposition à l’OTAN ».

Quant à l’extrême droite, Emmanuel Macron dénonce des volontés de « sorties de l’OTAN » et des « remises (…) de ce rapport à la diplomatie et à notre indépendance et des ambiguïtés à l’égard de la Russie ».

Emmanuel Macron appelle à « une cohésion »

Le président de la République a conclu la première phase de la conférence de presse en assumant « une volonté de rassembler toutes celles et ceux qui ne peuvent pas se retrouver dans les extrêmes ». « C’est à cette cohésion que j’appelle avec toute l’humilité et c’est ce à quoi nous allons travailler durant les 18 jours qu’il reste à cette campagne », assure-t-il.

Puis en répondant aux questions des journalistes, Emmanuel Macron a reconnu qu’ « une colère a été exprimée » aux élections européennes pour autant t il refuse « de faire comme si rien n’était, parce qu’au fond ça arrange tout le système »« Je n’ai jamais été là pour protéger le système politique », a-t-il ajouté, expliquant ne pas « vouloir donner les clés du pouvoir à l’extrême droite en 2027 ». Notons qu’Emmanuel Macron a écarté une nouvelle fois toute démission peu importe les résultats des législatives anticipées.

Cependant interrogé par un journaliste, Emmanuel Macron a affirmé qu’il n’entendait pas « plus faire campagne qu’en 2017 ou en 2022 », rappelant que « c’est le rôle du Premier ministre ». Il a également exclu vouloir débattre avec Marine Le Pen.

Pourtant, la conférence de presse de ce 12 juin 2024 ressemble fortement à une entrée en campagne du Président de la République.

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