La démission de Sébastien Lecornu quelques heures après avoir présenté son gouvernement n’a pas ébranlé une certitude : quel que soit le prochain ministre des Armées, la recherche de milliards supplémentaires pour financer la défense reste au cœur des priorités de l’État.
Le mandat de Sébastien Lecornu aura été le plus bref de la Ve République. Nommé Premier ministre le 9 septembre, il a remis sa démission ce lundi 6 octobre, après seulement 27 jours en fonction.
Dans l’attente de la nomination d’un nouveau chef de gouvernement par Emmanuel Macron, les ministres en place continuent d’assurer l’intérim. C’est notamment le cas de Sébastien Lecornu, depuis que Bruno Le Maire a donné sa démission personnelle à l’ancien Premier ministre qui l’avait nommé à la Défense — un poste précédemment occupé par Sébastien Lecornu lui-même.
Ministre de l’Économie de 2017 à 2024, Bruno Le Maire est le plus ancien ministre depuis l’élection d’Emmanuel Macron à la présidence en 2017. Sa reconversion à la tête du ministère des Armées témoigne d’une continuité stratégique dans un contexte politique incertain.
« Dans les circonstances exceptionnelles que traverse la France,
on ne se dérobe pas »
Bruno Le Maire sur X après avoir été nommé dimanche 5 octobre.
Bruno Le Maire et Sébastien Lecornu entretiennent une relation politique de longue date : le second fut l’assistant parlementaire du premier en 2007, avant de le suivre au secrétariat d’État aux Affaires européennes l’année suivante.
Leur collaboration, inversée le temps d’un week-end, a toutefois pris fin dès le lundi matin, avec la démission express de Sébastien Lecornu.
Le casse-tête budgétaire de la Défense
Au-delà des remaniements, un fait demeure : le ministère des Armées doit trouver de nouveaux financements massifs.
En juillet, Emmanuel Macron avait annoncé que le pays allouerait 3,5 milliards d’euros supplémentaires à la défense en 2026, puis 3 milliards supplémentaires en 2027.
Cette hausse, avait précisé le président, doit être financée par « plus d’activité et plus de production », et non par un nouvel endettement. Mais l’origine concrète des fonds reste floue.
En juin, les alliés de l’OTAN ont convenu d’augmenter leurs dépenses de défense à 5 % du PIB national, dont 3,5 % pour les dépenses strictement militaires et 1,5 % pour les dépenses connexes (cybersécurité, infrastructures…). La France est loin d’atteindre cet objectif, avec une estimation de 2,05 % du PIB pour les dépenses strictement militaires en 2025, selon les données de l’Alliance.
Le projet de loi de programmation militaire, qui visait déjà à augmenter les dépenses de défense jusqu’en 2030, sera révisé afin de respecter cet engagement.
« Alors que nous avions prévu de doubler le budget d’ici 2030, nous allons le doubler d’ici à 2027. À cette fin, une actualisation de la loi de programmation militaire sera présentée à l’automne, qui prévoira l’effort que nous devrons porter jusqu’en 2027 sous ma responsabilité. Et j’en appelle à ce titre à la responsabilité nationale »
Emmanuel Macron en juillet.
La révision du projet de loi de programmation militaire implique la présentation d’un projet de loi à l’Assemblée pour approbation. Le Premier ministre doit présenter le projet de loi de finances pour 2026, qui devrait décrire comment le budget supplémentaire de la défense sera financé.
Une chose est sûre, Sébastien Lecornu a voulu placer les enjeux budgétaires au cœur de la stratégie militaire française.















