Coup de froid pour les marchés

Coup de froid pour les marchés

La décision de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) de proclamer l’état d’urgence internationale au sujet du coronavirus était assez logique compte tenu de sa diffusion rapide. Au nom du principe de précaution, les compagnies aériennes suspendent les liaisons aériennes avec la Chine.

Si le scénario ressemble à celui du SRAS en 2003, il en diffère sur deux points. Premièrement, les autorités chinoises ont été plus transparentes sur l’évolution de la maladie ; deuxièmement, la place de la Chine au sein de l’économie mondiale n’est pas celle de 2003. Elle est aujourd’hui la première puissance commerciale et le premier pays du monde. L’épidémie de SRAS en 2003 avait concerné 7 761 personnes avec 623 décès notifiés au sein de 28 pays. 5 209 cas et 282 décès avaient été enregistrés en Chine.

L’OMS avait également lancé une alerte mondiale encourageant très largement l’isolement et la mise en quarantaine des personnes touchées pour enrayer l’épidémie. L’épidémie de coronavirus en cours a déjà occasionné la mort d’au moins 300 personnes.

Dans ce contexte, les investisseurs ont délaissé les placements actions et ont opté pour les obligations d’Etat sûrs. Les taux d’intérêt sont, de ce fait, à nouveau orientés à la baisse. Le CAC 40 a perdu 3,62 % sur la semaine et 2,87 % sur le mois. Les secteurs de l’automobile, du tourisme et des produits de luxe sont les plus touchés par la baisse des cours étant fortement dépendants du marché chinois.

Face à la propagation du virus, 14 provinces et villes chinoises, représentant, selon les calculs de Bloomberg, près de 69 % du PIB national, ont annoncé une prolongation de plus d’une semaine du Nouvel An Lunaire. Cette prolongation a pour conséquence de maintenir à l’arrêt de nombreuses entreprises. Les réouvertures sont désormais prévues, au mieux, pour la deuxième semaine du mois de février au moins.

Le constructeur automobile Peugeot a indiqué que les usines PSA de Wuhan resteront fermées jusqu’au 14 février, Valeo et Seb ont prolongé la fermeture de leurs sites dans la ville, tandis qu’Air France a suspendu ses vols au départ et à destination de la Chine jusqu’au 9 février.

Si la crise épidémiologique perdure, la croissance chinoise pourrait fondre assez rapidement. Certains économistes prévoient même une croissance inférieure à 3 % pour 2020.

A la peur du coronavirus se sont ajoutées des mauvaises nouvelles sur le front au sein de la zone euro. Le PIB s’est contracté en France et en Italie (-0,3 %, la plus mauvaise performance trimestrielle depuis 2013). Dans un contexte économique peu porteur, le baril du pétrole est en forte baisse depuis le début du mois.

En un mois, le baril de pétrole Brent a perdu près de 16 % de sa valeur. L’or, valeur refuge par excellence, continue son mouvement haussier. En un mois, l’once d’or a gagné près de 5 %. En un an, la progression dépasse désormais 20 %.

Auteur/Autrice

  • Philippe Crevel est un spécialiste des questions macroéconomiques. Fondateur de la société d’études et de stratégies économiques, Lorello Ecodata, il dirige, par ailleurs, le Cercle de l’Epargne qui est un centre d’études et d’information consacré à l’épargne et à la retraite en plus d'être notre spécialiste économie.

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