« De la jeunesse et du talent : les concerts de l’orchestre des Lycées français du monde font salle comble à Vienne ! »

« De la jeunesse et du talent : les concerts de l’orchestre des Lycées français du monde font salle comble à Vienne ! »

Trois concerts qui ont fait salle comble. Un public debout et des jeunes musiciens le coeur débordant de bonheur et de reconnaissance. Des personnels et organisateurs légitimement fiers d’avoir relevé le défi. Voilà le résumé d’un week-end de musique classique réellement enchanteur pour les membres de l’orchestre des Lycées français du monde. Cela se déroulait à Vienne du 16 au 18 mars 2023 sous les bons auspices de Magali Durand-Assouly, heureuse proviseure du Lycée français de Vienne et « puissance invitante » de cette neuvième édition. 

Ecoutez le concert

Le projet OLFM à Vienne, une 9ème édition qui doit beaucoup à Adriana Tanus, cheffe d’orchestre et fondatrice

La formule gagnante de réunir des jeunes élèves et musiciens du réseau des Lycées de l’AEFE a été portée dès le départ avec maestria par une cheffe d’orchestre à l’énergie capable de déplacer des montagnes. Adriana Tanus, enseignante et musicienne venue de Madrid, tient fermement la baguette depuis une dizaine d’années pour entraîner dans son sillage des élèves de la sixième à la terminale qu’elle sélectionne patiemment pour composer son orchestre de l’année. Elle confesse parfois des choix cornéliens dans la sélection tant les talents affleurent parmi les jeunes pousses musicales étudiant dans nos lycées. 

Adriana Tanus avec l’orchestre ©AEFE

Etablir un programme musical fait aussi partie de ses légitimes attributions, et elle nous confessait récemment, dans une interview pour Lesfrançais.press, avoir voulu éviter Mozart, car jouer le divin autrichien à Vienne était un peu cliché, voire trop attendu.  Cette violoncelliste et femme de passion a mis sur pied pour l’édition 2023 un aréopage de jeunes talents représentant la bagatelle de 41 établissements scolaires du réseau, pouvant s’enorgueillir de représenter 35 pays et 41 villes du monde avec des musiciens de 32 nationalités ! Un orchestre de tous les records géographiques et qui permet de mesurer le seul défi de réunir ces garçons et filles venus des quatre coins du monde. Les 9 éditions passées ont permis de toucher tous les continents et plus de 900 familles d’accueil à qui il faut donc tirer légitimement notre chapeau.

Pour la fondatrice de l’événement… « c’est justement plus qu’un événement ! il s’agit d’un véritable séjour d’échange, de découverte et de mise en commun ». Et au terme de ces journées intenses de musique, la cheffe nous dit, émue, que « émotion, amour et communion sont les mots qui expriment le mieux cette semaine ».

Cette internationale de jeunes talents a pu être encadrée pour cette édition par cinq anciens jouant le rôle de grands témoins et de renforts. On se contentera de citer, pour les seuls violons, Rinat Aliev et Victoria Trusewicz, étudiants en Autriche, qui ont joué leur rôle à merveille entre pédagogie et conseils confraternels envers les plus jeunes. 

Le défi d’une organisation logistique exceptionnelle pour que les talents convergent à Vienne 

La proviseure du lycée français de Vienne ressent, on le comprend aisément, une légitime fierté devant un événement qui « apporte à son établissement en matière de rayonnement et qui apporte beaucoup aussi au réseau AEFE ».

Les concerts sont en effet soutenus par le réseau des Lycées français qui participent en assumant le déplacement de leurs jeunes musiciens et par l’appareil central de l’AEFE dont le service communication ou direction de l’enseignement suivent les étapes pas à pas. Le plus gros de l’organisation se joue cependant sur place pour des équipes déjà mobilisées par l’ordinaire éducatif du lycée de Vienne et qui assument pour l’occasion des tâches supplémentaires pour le plus grand bénéfice du public de mélomanes et pour que ces jeunes musiciens enrichissent leur parcours musical d’une session de haut-vol sur des terres européennes parfois très loin de leurs bases. C’est aussi, tout simplement, pour cette session, l’occasion d’unir les musiciens du Lycée français de Vienne et ceux de l’orchestre des Lycées français du monde.

Public dans la salle à Vienne ©AEFE

Que ce soit au Studio Molière, à l’Université de Vienne ou à l’ORF, le public touché a été visiblement ravi de la qualité musicale des concerts et la presse autrichien a rendu compte légitimement de l’événement en particulier du concert magnifique de la RadioKulturHaus ORF dont vous pourrez juger de la qualité par une écoute en ligne. Une mention spéciale pour l’ouverture toute en sensibilité mélancolique se voulant un hommage à l’Ukraine en guerre à travers un chant émouvant en langue ukrainienne. Une citation aussi pour « l’ amour sorcier » véhiculé par une pièce audacieuse et puissante de Manuel de Falla.

Une émotion intense et des amis gagnés pour la vie : retour sur l’expérience vécue par les jeunes musiciens

Chez les jeunes musiciens l’émotion se retrouve encore dans les témoignages que nous avons recueillis. « Beaucoup pleuraient en quittant Vienne. Mais ils ont des amis pour la vie et certains se retrouveront sans doute pour la prochaine édition », rappelle Magali Durand-Assouly.

« C’est surtout difficile pour les élèves de terminale car ils savent que c’est leur dernière année. Même si certains d’entre eux seront peut-être des futurs tuteurs. Le groupe WhatsApp a reçu plus de 300 messages les jours suivants. Des au revoir, quelques à bientôt, bref un groupe qui se maintiendra dans le temps, car les groupes des années d’avant se parlent toujours entre eux et sont des véritables ambassadeurs de la diffusion de ce projet », livre une Adriana Tanus encore amusée par les anecdotes de coulisses : « Est-ce que les chaussures doivent être noires ou partiellement noires. J’ai oublié mes chaussures : mets les chaussettes sur tes baskets, cela ne se verra pas ! Tant de choses se passent dans les moments préalables au concert. Une clarinettiste qui fait un solo… mais à la voix. Et quel solo ! » Il y a eu beaucoup de propositions et de créativité dans cette génération ».

Concert à Vienne ©AEFE

Iyad, un élève de première, percussionniste plein d’autodérision

Iyad Abid faisait partie des jeunes musiciens invités à Vienne. C’est un élève de première de l’École Internationale Française de Djeddah qui est percussionniste. Il parle d’un « rêve devenu réalité » et évoque ces « 10 jours pendant lesquels s’est déroulé notre séjour, où on a appris à se connaître, à jouer ensemble et où on a véritablement créé une famille ». Ilyad « en ressort enrichi musicalement et culturellement, profondément marqué par des moments inoubliables ».

Cet élève qui ne manque pas d’autodérision nous raconte une anecdote qui restitue bien le stress des concerts mais aussi la bienveillance qui demeurait au sein du groupe.

« J’avais un solo de batterie pour le bis « I Will survive » que j’avais préparé en amont et déjà joué lors de mes deux concerts précédents. Dans le feu de l’action, je me disais que le solo devait être le plus expressif possible et je sentais tous les regards braqués sur moi… et la seconde d’après je vois ma baguette qui s’envole sur scène en plein milieu de mon solo. Depuis je n’arrête pas de rire en repensant à ce moment ! »

Iyad Abid
Concert à Vienne ©AEFE

Maïa, une expérience vécue comme un privilège

Maïa Landin a fait le déplacement depuis l’Argentine pour participer aux concerts de Vienne. La distance ne lui fait pas peur car elle intervient depuis son entrée en 6ème à chacune des sessions annuelles de l’orchestre et insiste sur le lien créé grâce à la langue française que partagent les musiciens..

« Faire partie d’une telle expérience est un privilège (…) Beaucoup de mots me viennent à l’esprit pour décrire ce qu’a été cette expérience incroyable qui dure depuis mes 11 ans. Je dirais tout d’abord que chaque année, chaque concert est émouvant, riche musicalement, époustouflant et pluriculturel. Et jouer sur des scènes comme celle de la RadioKulturhaus avec une telle acoustique et résonance, c’est quelque chose d’unique. Puis, bien sûr, la rencontre avec le public est à chaque fois formidable, c’est un plaisir immense et un vrai moment de partage ».

Maïa Landi

Les valeurs de partage et d’ouverture à l’honneur

La musique jouée en collectif est l’expression d’une somme de valeurs qu’un réseau éducatif d’excellence se doit d’incarner : au-delà de l’enjeu de l’organisation d’un événement de haut niveau qui oblige chacun à donner son meilleur le jour J il y a l’échange cosmopolite dans les coulisses, lors des répétitions ou au sein des familles d’accueil : des heures de partage, d’enrichissement au contact des autres dans leurs différences, un esprit de paix et de communion par les arts.

Si la musique ne connaît pas de frontières, on peut être sûr que la prochaine édition de l’orchestre des lycées français du monde migrera vers une autre destination, mais que ce nouvel opus restera solidement le symbole de la puissante ouverture culturelle dont le réseau AEFE est le creuset.

Regardez le concert sur Youtube

Auteur/Autrice

  • Boris Faure est l'ex 1er Secrétaire de la fédération des expatriés du Parti socialiste, mais c'est surtout un expert de la culture française à l'étranger. Il travaille depuis 20 ans dans le réseau des Instituts Français, et a été secrétaire général de celui de l'île Maurice, avant de travailler auprès des Instituts de Pologne et d'Ukraine. Il a été la plume d'une ministre de la Francophonie. Aujourd'hui, il collabore avec Sud Radio et Lesfrancais.press, tout en étant auteur et représentant syndical dans le réseau des Lycées français à l'étranger.

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