Epiphanie : une tradition bien française

Epiphanie : une tradition bien française

La période des fêtes s’achève et pour la clôturer, ce jeudi 06 janvier, en France on va déguster la galette des rois. Les expatriés vont donc, comme chaque année, tenter de trouver la fameuse frangipane originaire du nord ou la brioche qui prend racine sur les bords de la Méditerranée. Une quête qui sera comme toujours difficile.

La tradition de la galette des rois

La galette des rois est une tradition typiquement française qui avait déjà cours au XIVe siècle. La fève servait à désigner celui qui aurait le privilège d’obtenir une audience avec le Roi, sans avoir à attendre parfois pendant des mois ! Dans les autres maisons, la galette était partagée en autant de portions que de convives, plus une. Cette portion supplémentaire, appelée « part du Bon Dieu » ou « part de la Vierge », était destinée au premier pauvre qui se présenterait.

Frangipane ou brioche ?

Dans plusieurs pays dont la France, l’Épiphanie signifie d’abord et avant tout le passage à table. La galette feuilletée est aujourd’hui prisée par 70% des Français, selon un sondage mené par OpinionWay et l’interprofession des Cidres de France en 2014. Avec ou sans frangipane, elle est également très prisée en Belgique : il s’en est vendu 800 000 en Wallonie il y a 4 ans, selon la RTBF. Un succès également confirmé en Suisse et au Luxembourg. En France, le succès est encore plus frappant : il se vend 32 millions de galettes chaque année.

Galette des rois – Frangipane

Succès, d’accord, mais surtout dans le nord de la France : plus au sud, on préfère la couronne des rois, un gâteau brioché garni de fruits confits qui a convaincu 22% des sondés français en 2014.

Une fête surtout célébré dans le bassin méditerranéen

La fête des Rois mages est surtout célébrée sur les bords de la Méditerranée, mais pas seulement !

L’Espagne

L’Épiphanie se substitue littéralement à Noël dans certains pays. Ainsi, en Espagne, ceux qui distribuent les cadeaux sont les Rois mages eux-mêmes, le Père Noël est quasiment au chômage technique. Le 6 janvier, on déguste le « Roscón de Reyes » mais on ouvre aussi les cadeaux chez les petits Espagnols.

L’Italie

En Italie, on célèbre bien Noël fin décembre, mais l’Épiphanie est aussi l’occasion de recevoir ou non des cadeaux et quelques gourmandises : une sorcière issue du folklore italien, la « Befana », profite du 6 janvier pour apporter des sucreries aux enfants sages, et… du charbon aux autres, tout de même apprécié car fabriqué en sucre ou en réglisse.

La sorcière « Befana »

Le Portugal

L’Épiphanie au Portugal est appelé Dia dos Reis (jour des rois), au cours de laquelle le traditionnel Bolo Rei est cuit et mangé. La table reste mise depuis Noël jusqu’au Dimanche des Rois. La pièce maîtresse est le Bolo Rei, la Couronne des Rois, qui se consomme du 15 décembre au 15 janvier, une pâte briochée très riche, truffée et garnie de grandes lamelles de fruits confits et de sucre qui marque la fête du solstice d’hiver. Le bolo rei est un gâteau chargé de symboles. Il représente les cadeaux offerts par les Rois mages au petit Jésus. Ce gâteau est celui qu’on retrouve en Provence et a été importé du sud-est de la France dès le Moyen Âge.

La Grèce

L’Épiphanie en Grèce Θεοφάνια (théophanie) se fête le 6 janvier, c’est le baptême de Jésus dans le Jourdain par saint Jean-Baptiste que l’on célèbre et non pas la visite de Jésus par les Rois mages. La Théophanie est la fête du baptême du Christ. L’Épiphanie est un événement qui revêt une très grande importance en Grèce. L’Épiphanie en Grèce est un jour férié.

La Grèce ayant adopté (depuis le 1 mars 1923) le calendrier grégorien, les fêtes de fin d’année sont célébrées le même jour que dans les autres pays occidentaux. La période des fêtes de fin d’année en Grèce débute la veille de Noël et va jusqu’à l’Épiphanie. Elle s’étend donc sur une période de 12 jours appelée Douzaine.

Le 5 janvier, veille de l’Épiphanie en Grèce, les enfants chantent des kalanta, dans le but d’aider à chasser les « Kalikantzari », esprits démoniaques, et les renvoyer sous terre. Le rite caractéristique de la fête de la théophanie consiste dans la bénédiction des eaux baptismales au soir du 5 janvier.

Le 6 janvier, les prêtres après la messe, vont à travers les villages bénir les maisons. En ville, les femmes ramènent de l’eau bénite et elles bénissent la maison, tous les membres de la famille boivent un peu de cette eau pure. Les prêtres bénissent également les eaux en immergeant un crucifix dans la mer, les rivières, les sources et les lacs. Des plongeurs rivalisent afin de récupérer le crucifix. Celui qui le trouve sera chanceux toute l’année. Les « Kalikantzari », effrayés par la bénédiction s’enfuient et regagnent les entrailles de la terre pour éviter l’eau bénite.

Et ailleurs ?

Allemagne, Angleterre, Russie célèbrent aussi l’Epiphanie mais cette tradition n’est pas arrivée à sortir du vieux continent.

Allemagne

Le jour de l’Épiphanie en Allemagne dans les régions catholiques, trois jeunes gens ou des enfants, déguisés en rois mages, font du porte-à-porte pour bénir les maisons. Ils collectent des dons pour les pays en voie de développement. Ils sont accompagnés par trois garçons qui portent « l’étoile » de Bethléem. Devant les portes, les trois rois et les garçons chantent des cantiques. Ils bénissent les maisons et écrivent les lettres suivantes sur le mur à côté de la porte : C + M + B. Cela veut dire « Christus Mansionem Benedicat » (Le Christ bénit ta maison). Ou bien, ils écrivent les initiales des trois Rois sur les portes. De même en Franche-Comté, les enfants se déguisaient en Roi Mage et portaient une ceinture dorée sur une chemise constellée d’étoiles. Ils allaient de porte en porte en chantant et en agitant des sonnettes réclamer leur part.

Les reliques des Rois Mages sont depuis le XII° siècle dans la cathédrale de Cologne. L’Épiphanie est un jour férié en Bavière, en Bade-Wurtemberg et en Saxe-Anhalt.

Angleterre et pays scandinaves

À l’Épiphanie en Angleterre, en Irlande et dans les pays scandinaves, on allumait tous les soirs de Noël à l’Épiphanie la grande bougie de Noël. Notons qu’en anglais, on nomme l’Épiphanie « Twelfth night » (la douzième nuit) et qu’en Suédois cette fête est appelée « Trettondag Jul » ou Trettonhelgen (13ème jour après Noël).

De plus, dans la tradition scandinave, pendant ces douze jours les hommes devaient abandonner tout mouvement « rotatif » car le temps s’arrête, c’est un temps de pose pour tout ce qui roule. Notons que dans les langues scandinaves, la fête de Noël s’appelle Yul ou Jul ce qui signifie la roue c’est la roue de l’année qui après la pose va tourner une fois de plus vers le printemps. Jul est le nom de la fête pré chrétienne du solstice d’hiver.

En Angleterre, comme en Bourgogne, on met dans la galette des rois une fève pour le roi et un petit pois pour la reine. Là aussi, la tradition s’ancre en France.

Russie

L’Épiphanie en Russie, qui suit le calendrier Julien, est célébrée le 19 janvier, 13 jours après la Grèce. On appelle cette fête la « fête du baptême d’eau ». La Russie célèbre Noël (la naissance de Jésus et la venue des mages) le 7 janvier, 13 jours après la Grèce. La veille au soir (18 janvier) le rite caractéristique de la fête consiste, comme en Grèce, dans la bénédiction des eaux baptismales. Par « l’épiclèse » (invocation), l’Esprit s’infuse dans l’eau baptismale qui acquiert une puissance de sanctification. Le jour de l’Épiphanie en Russie (19 janvier), les prêtres font un trou en forme de croix sur la glace d’une rivière et font sur place l’office de la bénédiction des eaux.

Epiphanie, un jour férié ?

En Italie, Espagne, Grèce, Allemagne (certaines régions), Autriche, Suisse (certaines régions), Suède, Finlande, le 6 janvier est un jour férié. Mais pas en France et ni en Belgique, Portugal, Angleterre, Pays bas, Norvège, Danemark, Pologne, alors que célébrée dans les foyers, la fête des Rois mages ne donne pas le droit à un jour chômé.

Bonne dégustation à tous !

Auteur/Autrice

  • Chantal Julia est maitre de conférence en Suisse. Après plusieurs années à l'Université de Lettre Paris 1, Chantal a suivi son compagnon à Lausanne où elle enseigne toujours la littérature française. Elle écrit pour différents magazines universitaires et Lesfrancais.press

    Voir toutes les publications
Laisser un commentaire

Laisser un commentaire