Festival de Cannes 2023 : demandez le programme

Festival de Cannes 2023 : demandez le programme

Pour la 76e édition du Festival de Cannes, les organisateurs ont sélectionné des cinéastes et des acteurs de tous les pays et de toutes les générations. On fait le point pour les Français de l’étranger sur cette nouvelle quinzaine dédiée au 7ème art et qui commence aujourd’hui.

L’outsider

« Banel et Adama », de Ramata-Toulaye Sy (compétition)

Si la compétition 2023 compte de nombreux concurrents illustres qui ont déjà remporté une Palme d’or (Nanni Moretti, Ken Loach, Wim Wenders, Hirozaku Kore-Eda, Nuri Bilge Ceylan), elle permet également de découvrir des nouveaux venus. Parmi ces derniers, deux réalisatrices : la Tunisienne Kaouther Ben Hania (« Les Filles d’Olfa ») et la Sénégalaise Ramata-Toulaye Sy. Dans son premier film, « Banel et Adama », la cinéaste raconte l’histoire d’amour contrariée entre deux jeunes personnages qui vivent dans un village reculé du nord du Sénégal et doivent affronter des coutumes locales qui ne favorisent en rien l’épanouissement et l’émancipation. Peut-être une excellente surprise en perspective.

Deux femmes d’exception

« May December », de Todd Haynes (compétition)

Difficile d’imaginer une plus belle distribution féminine. Dans son nouveau film, l’orfèvre Todd Haynes dirige Julianne Moore et Natalie Portman et met en scène la mystérieuse relation qui s’instaure entre une actrice hollywoodienne et la femme qu’elle doit incarner à l’écran. Huit ans après le somptueux « Carol » , une autre histoire féminine située dans l’Amérique puritaine des années 1950 qui a valu à Rooney Mara de recevoir un prix d’interprétation, « May December » s’impose parmi les films les plus attendus de la compétition.

Un duo d’enfer

« Jeanne du Barry », de Maïwenn (en ouverture, hors compétition)

Grandeur et décadence, passion et scandale… Dans sa nouvelle fiction, l’imprévisible Maïwenn retrace l’existence agitée de Jeanne du Barry, courtisane et favorite du roi Louis XV. Dans le premier film d’époque de sa carrière, la cinéaste, qui incarne également le rôle principal, donne la réplique à un certain Johnny Depp qui retrouve donc son métier d’acteur après avoir défrayé la chronique judiciaire ces dernières années. Enfant chérie de la compétition – elle y a présenté « Polisse », en 2011 (Prix du jury) et « Mon Roi », en 2015 (Prix d’interprétation pour Emmanuelle Bercot) -, Maïwenn connaît cette fois l’honneur d’inaugurer en grande pompe le Festival avec une montée des marches évidemment… royale.

Ce film sortira le 16 mai dans le monde entier.

Johnny Depp, Maiwenn et Benjamin Lavernhe dans « Jeanne du Barry », de Maiwenn. Un casting royal. © Stéphanie Branchu/Why Not Productions

Monstre sacré

« Killers of the Flower Moon », de Martin Scorsese (hors compétition)

Il a remporté une Palme d’or en 1976 (« Taxi Driver »), un Prix de la mise en scène en 1986 (« After Hours ») et a été président du jury en 1998, année où le réalisateur grec Theo Angelopoulos a été sacré pour « L’Eternité et un jour ». A 80 ans, Martin Scorsese effectue son grand retour sur la Croisette avec « Killers of the Flower Moon ». Dans ce film événement inspiré par des faits réels et par l’ouvrage éponyme du journaliste et écrivain américain David Grann, le cinéaste évoque l’assassinat de plusieurs membres d’une tribu amérindienne en Oklahoma dans les années 1920. « Un moment de l’histoire américaine qu’il ne faut pas oublier », souligne-t-il. Robert De Niro et Leonardo DiCaprio, complices de Scorsese depuis des lustres, figurent dans la distribution.

Sortie en salle le 18 octobre en France, puis sur la plateforme Apple TV + dans le monde entier.

Train de stars

« Asteroid City », de Wes Anderson (compétition)

Avec lui, il faut toujours envisager d’allonger et d’élargir le tapis rouge… Avec son nouveau film, l’amuseur Wes Anderson se surpasse et dirige un train entier de stars : Tilda Swinton, Adrien Brody, Tom Hanks, Scarlett Johansson, Margot Robbie, Edward Norton, Willem Dafoe, on en passe… Tout ce beau monde prendra la pose devant les photographes en pâmoison et, espérons-le, donnera le meilleur de lui-même dans cette comédie délirante qui s’amuse avec les conventions de l’Amérique des années 1950 et les lubies de personnages fascinés par la conquête spatiale. Avec cet « Asteroid City » déjanté, la légèreté et l’humour semblent a priori garantis, ce qui n’est pas si fréquent dans le paysage de la compétition.

Sortie le 21 juin en France.

Polar fiévreux

« Anatomie d’une chute », de Justine Triet (compétition)

Il y a quatre ans, Justine Triet découvrait les joies de la compétition avec « Sybil », l’histoire farfelue de la rencontre entre une psychanalyste surmenée qui rêve d’une reconversion en romancière (Virginie Efira) et une jeune actrice en détresse (Adèle Exarchopoulos). La cinéaste revient en sélection cette année avec un polar tortueux où elle examine les relations troubles au sein d’un couple vivant à l’écart de la civilisation et parents d’un enfant aveugle. Sandra Hüller et Swann Arlaud incarnent les rôles principaux de ce film fiévreux qui devrait faire beaucoup parler de lui sur la Croisette.

Sortie le 23 août.

Humour et bouteille

« Les Feuilles mortes », d’Aki Kaurismaki (compétition)

Vingt et un ans après avoir flirté avec la Palme d’or pour son magnifique « Homme sans passé » (récompensé par un Grand Prix), l’inclassable cinéaste finlandais tente une nouvelle fois sa chance en compétition. Dans « Les Feuilles mortes », Aki Kaurismaki, avec son humour noir, son style laconique et sa douce mélancolie, dresse le portrait de deux personnages qui, avares de mots, cherchent pourtant désespérément à communiquer. « Les Finlandais sont très sentimentaux alors qu’ils prétendent ne pas l’être, aime à répéter le cinéaste. En Finlande, on ne parle pas du tout, sauf quand on est saouls. D’où l’intérêt de l’être en permanence. Vous voyez, je vis dans un pays vraiment intéressant. »

Sortie le 20 septembre en France.

« Les Feuilles mortes », d’Aki Kaurismaki. Une douce mélancolie finlandaise. © Diaphana

Retour en force

« Perfect Days », de Wim Wenders (compétition)

On ne l’attendait pas au rendez-vous, et encore moins avec deux films ! Discret depuis de nombreuses années, Wim Wenders (77 ans) fera doublement parler de lui cette année sur la Croisette. D’abord avec « Anselm », un documentaire sur l’artiste contemporain allemand Anselm Kiefer, qui sera présenté en séance spéciale. Ensuite et surtout avec « Perfect Days » (compétition), une fiction tournée au Japon où Wenders observe le monde via… le regard d’un homme qui travaille dans les toilettes publiques de Tokyo. Impatience.

Vers une troisième Palme ?

« The Old Oak », de Ken Loach (compétition)

A l’âge vénérable de 86 ans, il pourrait entrer dans l’histoire du Festival en étant le premier cinéaste à remporter une troisième Palme d’or. Déjà sacré en 2006 pour « Le vent se lève » et en 2016 pour « Moi, Daniel Blake », l’inusable Ken Loach tente une nouvelle fois sa chance avec « The Old Oak », l’histoire d’un patron de pub dont l’établissement est menacé de fermeture et qui rencontre une jeune réfugiée syrienne. Toujours coécrit avec le fidèle Paul Laverty, ce film politique et engagé devrait ravir les nombreux admirateurs de Ken Loach, qui a rarement déçu à Cannes. « Aujourd’hui encore plus qu’hier, affirme l’infatigable cinéaste, il est nécessaire de tourner des films qui évoquent les réalités de notre société. »

« The Old Oak », de Ken Loach, Cannes 2023

A table

« La Passion de Dodin Bouffant », de Tran Anh Hung (compétition)

Personne ou presque ne misait sur la présence en compétition du réalisateur français d’origine vietnamienne Tran Anh Hung. Erreur ! Le cinéaste concourt pour la Palme d’or avec un film énigmatique, inspiré d’un classique de la littérature gastronomique écrit dans les années 1920 par Marcel Rouff. Dans « La Passion de Dodin Bouffant », le réalisateur met en scène les relations passionnelles et culinaires entre une cuisinière de grand talent, Eugénie, et un gourmet réputé, Dodin. Dans le rôle principal, Juliette Binoche, qui a connu l’un de ses plus grands succès internationaux avec un autre film « gourmand » (« Le Chocolat », de Lasse Hallström) dialogue avec l’incontournable Benoît Magimel.

« L’été dernier », de Catherine Breillat, Cannes 2023

Amour interdit

« L’Eté dernier », de Catherine Breillat (compétition)

Elle n’avait plus donné signe de vie artistique depuis 2013 et son « Abus de faiblesse ». Une décennie plus tard, Catherine Breillat (74 ans) est de retour aux affaires et au Festival de Cannes avec « L’Eté dernier », présenté en compétition. Dans ce film potentiellement sulfureux (la marque de fabrique de la réalisatrice), Breillat raconte l’histoire passionnelle entre une avocate quinquagénaire renommée et son beau-fils, âgé de… 17 ans. L’occasion pour l’excellente Léa Drucker de concourir pour le Prix d’interprétation.

Sortie le 20 septembre en France.

Toujours vert

« Indiana Jones et le Cadran de la destinée », de James Mangold (hors compétition)

80 ans et toutes ses dents, ou presque… Soucieux d’accueillir hors compétition des blockbusters ambitieux qui témoignent de sa sympathie pour Hollywood, le Festival de Cannes déroule cette année le tapis rouge pour « Indiana Jones et le Cadran de la destinée », de James Mangold. La présentation du dernier épisode de la saga donne l’occasion de rendre un hommage à Harrison Ford pour l’ensemble de sa carrière, au cours de laquelle le comédien a tourné avec les grands auteurs (Coppola, Polanski, Pakula) mais aussi donné le meilleur de lui-même dans certaines des franchises les plus lucratives de l’industrie cinématographique américaine.

Sortie le 28 juin dans le monde entier.

Le peintre et sa muse

« Bonnard, Pierre et Marthe », de Martin Provost (Cannes Première)

Martin Provost a connu un triomphe critique et public en 2008 avec « Séraphine », son portrait sensible de la peintre autodidacte Séraphine de Senlis. Une fiction qui valut à Yolande Moreau de recevoir le César de la meilleure actrice pour sa prestation mémorable. Le cinéaste retrouve l’univers de la peinture dans ce nouveau film où il évoque la relation amoureuse et artistique entre Pierre Bonnard et l’énigmatique Marthe de Méligny. Incarné par Vincent Macaigne et Cécile de France, ce biopic que l’on espère dépourvu d’académisme donne l’occasion à Martin Provost de présenter pour la première fois un film à Cannes.

« Bonnard, Pierre et Marthe » de Martin Provost, Cannes 2023

Une page d’histoire

« Le Procès Goldman », de Cédric Kahn (Quinzaine des cinéastes)

1976. Soupçonné d’avoir causé la mort de deux pharmaciennes lors d’un braquage boulevard Richard-Lenoir, à Paris, le militant d’extrême-gauche Pierre Goldman est l’objet d’un procès ultra-médiatisé où il est défendu par l’avocat Georges Kiejman et soutenu par de nombreuses personnalités, dont Simone Signoret. Pendant plusieurs mois, le « cas » Goldman va diviser l’opinion publique… Le talentueux Cédric Kahn (« Roberto Succo », « Les Regrets ») consacre un film très attendu à cette ténébreuse affaire, présenté en ouverture de la Quinzaine des cinéastes (l’ex-Quinzaine des réalisateurs).

Sortie le 27 septembre en France.

Forza Italia

« Vers un avenir radieux », de Nanni Moretti (compétition)

Les Italiens sont à la fête cette année en sélection officielle avec pas moins de trois représentants. Outre les nouveaux films d’Alice Rohrwacher (« La Chimère ») et de l’immense Marco Bellocchio (« L’Enlèvement »), la compétition accueille une nouvelle fois l’inimitable Nanni Moretti qui présente « Vers un avenir radieux ». Dans cette fiction qui met en scène un cinéaste en crise dans sa vie privée comme professionnelle, le metteur en scène dirige deux complices de longue date – Margherita Buy et Silvio Orlando – et un nouveau venu dans son univers : le Français Mathieu Amalric. Palme d’or en 2001 avec « La Chambre du fils », Prix de la mise en scène en 1994 avec « Journal intime », le cinéaste italien connaîtra peut-être un nouveau triomphe cette année.

Sortie le 28 juin en Italie et en France.

Mathieu Amalric et Nanni Moretti dans « Vers un avenir radieux », de Nanni Moretti. A la santé du cinéma italien !© DR

La surprise du chef

« Le Retour », de Catherine Corsini (compétition)

Voici un film qui porte bien son nom. Annoncé en sélection officielle de façon certaine la veille de la conférence de presse du 13 avril et… absent de la liste des concurrents le jour dit, « Le Retour », de Catherine Corsini, a finalement été repêché dix jours plus tard et figure donc bel et bien en compétition. Précédée d’une réputation sulfureuse – en cause : son tournage agité en Corse et des dénonciations anonymes concernant de présumés conflits sur le plateau -, cette fiction évoque l’été d’une mère et de ses deux filles adolescentes aux prises avec des souvenirs douloureux et des tentations multiples. Déjà présente en compétition il y a deux ans avec « La Fracture », son évocation maladroite du mouvement des Gilets jaunes, Catherine Corsini sera peut-être plus inspirée cette année. Ou pas.

L’art de la contemplation

« Les Herbes sèches », de Nuri Bilge Ceylan (compétition)

Il aime donner du temps au temps, filmer des personnages en crise, dresser des portraits subtils et critiques de son pays natal : la Turquie. Plusieurs fois récompensé à Cannes et Palme d’or en 2014 avec l’admirable « Winter Sleep », Nuri Bilge Ceylan est de retour en compétition avec « Les Herbes sèches ». Dans ce film où il arpente de nouveau les contrées de l’Anatolie, le cinéaste met en scène les espoirs et désillusions d’un homme et d’une femme professeurs qui rêvent confusément d’un avenir meilleur, loin du quotidien morose et répétitif auquel ils sont confrontés.

Sortie le 12 juillet en France.

« Les Herbes sèches », de Nuri Bilge Ceylan. L’hiver en Anatolie.© DR

Un film bestial

« Le Règne animal », de Thomas Cailley (Un Certain Regard)

Ce sera probablement l’un des films les plus surprenants de l’édition 2023. Dans cette fiction singulière, le talentueux Thomas Cailley (dont le premier film, « Les Combattants », avait été présenté à la Quinzaine des réalisateurs en 2014) décrit un univers futuriste inquiétant où les mutations de l’homme vers l’animal imposent leurs lois. Des lois anarchiques qui contraignent l’ordre social à tenter de domestiquer les « mutants » dans des centres spécialisés. Au coeur de ce film présenté en ouverture de la section Un Certain Regard, un duo d’acteurs charismatiques : Romain Duris et Adèle Exarchopoulos. De quoi, peut-être, rugir de plaisir.

Sortie le 4 octobre en France.

Romain Duris et Paul Kircher dans « Le Règne animal », de Thomas Cailley. Une fiction singulière. © DR

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