Immobilier, ne pas croire aux sirènes du krach

Immobilier, ne pas croire aux sirènes du krach

De nombreux articles évoquent un krach immobilier du fait de la hausse des taux d’intérêt. Pour le moment, les statistiques ne confirment pas ces craintes qui apparaissent exagérées

Les prix des logements anciens ont baissé au deuxième trimestre, sachant qu’ils avaient doublé en vingt ans. Contrairement à certaines informations relayées par les médias, il n’y a pas d’effondrement des transactions dont le nombre reste supérieur en rythme annuel à un million. Par rapport au dernier trimestre 2019, avant la crise sanitaire, à la fin du premier semestre 2023, les prix des logements étaient en France supérieurs de 17 %. Par rapport à 2015, la hausse atteint 32 % et par rapport à 2003, les prix ont augmenté de près de 110 %. 

Un deuxième trimestre de baisse légère pour l’immobilier en France

Au deuxième trimestre, les prix des logements anciens ont, en France (hors Mayotte) diminué, selon l’INSEE, sur un trimestre, de 0,8 % par rapport au premier trimestre (données provisoires corrigées des variations saisonnières), après une baisse de 0,3 % au premier trimestre. Une hausse de +0,2 % avait été enregistrée au quatrième trimestre 2022. Sur un an, les prix n’augmentent plus que de 0,5 % au deuxième trimestre 2023, contre +2,7 % au premier trimestre 2023 et +4,6 % au quatrième trimestre 2022. 

Les prix des maisons restent orientés à la hausse (+0,9 % sur un an au deuxième trimestre 2023) quand les prix des appartements sont stables. 

Krach immobilier
Malgré les articles alarmistes du fait de la hausse des taux d’intérêt, les statistiques restent rassurantes.

Une baisse plus marquée en Île-de-France au deuxième trimestre

Les prix des logements anciens en Île-de-France ont reculé pour le troisième trimestre consécutif. La baisse a été de 2,0 % au deuxième trimestre 2023 après -1,3 % et -0,2 % aux trimestres précédents. Ils reculent de 2,2 % pour les appartements et de 1,7 % pour les maisons. À Paris, les prix des appartements continuent de baisser pour le quatrième trimestre consécutif, -2,4 % au deuxième trimestre 2023 après -1,3 % et -0,5 % aux deux trimestres précédents. 

De fin 2019 à la fin du premier semestre 2023, les prix de l’immobilier en Île-de-France ont augmenté de 10,3 %. En vingt ans, l’augmentation est de 115 %. Sur un an, les prix des logements anciens en Île-de-France diminuent de 3,1 % au deuxième trimestre, après -0,6 % au premier trimestre 2023. Ils étaient encore en hausse de +1,3 % au quatrième trimestre 2022. Cette baisse concerne en premier lieu les appartements (-3,7 % sur un an au deuxième trimestre 2023 après -1,3 %). Le prix des maisons est désormais également en recul (-1,9 % après +0,7 %). La baisse des prix des appartements sur un an est plus importante à Paris (-4,4 %) que pour la Petite Couronne (-3,8 %) et la Grande Couronne (-1,7 %). À Paris, par rapport à la fin 2019, les prix ont baissé de 0,8 %. De 2003 à 2023, les prix ont augmenté de près de 121%. 

Première baisse de l’immobilier en « province » depuis 2016 

Au deuxième trimestre, les prix des logements anciens en « province » ont diminué sur un trimestre pour la première fois depuis le troisième trimestre 2016 de 0,4 %, après +0,2 % au premier trimestre et +0,3 % au quatrième trimestre 2022. Sur un an, la hausse n’est plus que de +1,8 % au deuxième trimestre, contre +3,9 % et +5,8 % aux trimestres précédents. 

Les prix des appartements en « province » (+2,7 % sur un an au deuxième trimestre 2023) augmentent plus fortement que ceux des maisons (+1,3 %) pour le deuxième trimestre consécutif.

Des transactions en décrue tout en restant à un haut niveau

Au deuxième trimestre, le volume annuel de transactions est passé de 1 071 000 fin mars à 1 002 000 fin juin. Rapportée au nombre de transactions au stock de logements disponibles, qui augmente d’environ 1% par an, la proportion de ventes concerne 2,6 % du stock, correspondant au niveau élevé observé au début des années 2000. 

Avec une population en augmentation et qui se concentre au sein des grandes agglomérations et sur le littoral, la France manque de logements d’autant plus que le nombre de constructions de logements diminue. La hausse des taux d’intérêt est d’autant plus durement ressentie que les prix de l’immobilier sont élevés. Pour le moment, les propriétaires n’entendent pas brader leurs biens, ce qui explique la faiblesse de la baisse. Le marché de l’immobilier est dominé par les propriétaires qui souhaitent vendre des biens au meilleur prix pour en acheter d’autres. Ils n’ont, de ce fait, pas d’intérêt à jouer à la baisse. Ils peuvent par ailleurs différer leurs transactions.

Auteur/Autrice

  • Philippe Crevel est un spécialiste des questions macroéconomiques. Fondateur de la société d’études et de stratégies économiques, Lorello Ecodata, il dirige, par ailleurs, le Cercle de l’Epargne qui est un centre d’études et d’information consacré à l’épargne et à la retraite en plus d'être notre spécialiste économie.

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