La Chine préfère le crédit à la planche à billets

La Chine préfère le crédit à la planche à billets

Quand l’Occident, dans le sillage du Japon, est entré dans le tunnel sans fin du « quantitative easing » (politique monétaire expansionniste), la Chine a privilégié une approche plus prudente ou plus traditionnelle. 

Les Etats membres de l’OCDE accumulent des déficits publics importants depuis la crise financière ce qui a conduit les banques centrales à acquérir une part croissante de la dette, 15 000 milliards de dollars en 2021, contre 1000 milliards de dollars en 1998. L’objectif de cette politique a été de soutenir la demande en neutralisant les taux d’intérêt qui auraient dû progresser compte tenu du niveau élevé de l’endettement.

La crainte des bulles spéculatives 

Les autorités chinoises sont depuis plusieurs années confrontées à la baisse de la croissance qu’elles tentent d’endiguer. Elles ont, à cette fin, opté pour une politique budgétaire expansionniste mais dans une proportion moindre que les pays de l’OCDE. Elles se sont refusées, en revanche, à s’engager dans la voie du « quantitative easing ». Sur vingt ans, les taux d’intérêt ont baissé mais faiblement. Le taux de l’emprunt à dix ans est ainsi passé de 4,2 à 3,4 %. La base monétaire a été multiplié par huit de 1998 à 2021, contre plus de dix pour les pays de l’OCDE. Les autorités chinoises se méfient plus des bulles spéculatives que leurs homologues occidentales, surtout en ce qui concerne l’immobilier.

Les variations de prix en Chine ces dernières années étant naturellement très importantes, le gouvernement n’a pas souhaité ajouter un facteur de déstabilisation avec une politique monétaire expansive. Lors de ces vingt dernières années, le prix moyen des logements en Chine a été multiplié par cinq, soit bien plus qu’au sein de l’OCDE (2,5).

Crédit bancaire ou création monétaire 

La Chine a privilégié une stimulation de la demande par le crédit bancaire quand l’Occident a choisi une création monétaire par la dépense publique. La Chine se révèle plus classique et plus « libérale » que les pays avancés. Elle s’en tient au schéma traditionnel où la hausse de la quantité de monnaie détenue par les agents économiques non bancaires vient de la distribution de crédit par les banques quand, dans les pays de l’OCDE, celle-ci provient de l’Helicopter Money. 

Le soutien par le crédit aboutit en Chine à un accroissement rapide de l’endettement qui est passé de 125 à 275 % du PIB de 2002 à 2021. Ce choix évite la constitution de bulles spéculatives et permet de conserver aux taux d’intérêt le rôle économique et financier qu’ils ont perdu au sein de l’OCDE. 

Cette politique a comme inconvénient de rendre l’économie chinoise vulnérable en cas de ralentissement rapide de sa croissance. La multiplication éventuelle des créances douteuses pourrait alors fragiliser le système bancaire. Par ailleurs, même si les autorités chinoises ont pris des mesures pour l’endiguer, le « shadow banking » joue un rôle important. Les collectivités locales ne pouvant pas s’endetter en direct passait par des structures associatives ou par des structures parapublics pour accéder au crédit.

Auteur/Autrice

  • Philippe Crevel est un spécialiste des questions macroéconomiques. Fondateur de la société d’études et de stratégies économiques, Lorello Ecodata, il dirige, par ailleurs, le Cercle de l’Epargne qui est un centre d’études et d’information consacré à l’épargne et à la retraite en plus d'être notre spécialiste économie.

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