La guerre mondiale du climat a commencé

La guerre mondiale du climat a commencé

La substitution des énergies renouvelables à celles qui sont carbonées est une révolution qui n’a pas de précédent dans l’histoire de l’économie.

Depuis le début de l’ère industrielle, la croissance repose sur une démultiplication de la force générée par l’énergie. Les hydrocarbures se sont imposés car ils revêtaient de nombreux avantages : une intensité énergétique élevée, un prix de production modéré, une relative abondance et une facilité de transport.

En moins de trois décennies, les États sont censés atteindre la neutralité carbone au prix d’un changement complet du mode de production de leurs richesses. Les précédentes mutations énergétiques se sont réalisées sur de très nombreuses années ; pour preuve, le charbon demeure la deuxième source de consommation d’énergie primaire (27,2 %) juste derrière le pétrole (31,2 %). Le défi à relever est d’autant plus immense qu’il est, par définition, mondial.

Bataille climatique : Afrique et Asie en première ligne

La France, en prenant en compte les importations, est responsable de 2 % des émissions globales de CO2, loin derrière les États-Unis, la Chine ou l’Inde. Les trois quarts de la population mondiale sont concentrés en Asie et en Afrique. Cette dernière sera aux premières loges de cette bataille climatique. Le doublement de sa population d’ici 2050 et l’augmentation des territoires désertiques en lien avec l’élévation des températures exposent les États africains à des tensions politiques et sociales de grande ampleur. Comme pour le téléphone où les États africains ont adopté le sans-fil en évitant l’étape du filaire, ces derniers pourraient, il est vrai, développer des activités à faibles émissions de CO2.

Protectionnisme environnemental

La bataille climatique risque d’être une source de tensions multiples au cours de ce siècle. Le réchauffement de la planète pourrait occasionner des migrations importantes de populations. L’accès à l’eau pourrait être la source de nouveaux conflits. Les pays émergents et en développement sont-ils disposés à freiner leur croissance afin de respecter des objectifs d’émission de CO2 rendus indispensables en raison des émissions passées des pays dits avancés ?

Ces derniers sont aujourd’hui tentés de prendre des mesures limitant les importations qui auraient une empreinte carbone élevée, mettant ainsi en place un protectionnisme environnemental. Or, dans le passé, le protectionnisme a toujours été l’ennemi de la paix et de la croissance.

Bataille climatique

Chaque année plusieurs milliers de milliards de dollars

La guerre contre le réchauffement climatique est mondiale et nécessite la mobilisation de tous les États sur une longue période. Cette guerre exige des investissements portant, chaque année, sur plusieurs milliers de milliards de dollars. Elle suppose comme toute guerre un effort de recherche sans précédent afin de trouver des solutions permettant de concilier croissance et environnement. D’importants progrès restent à réaliser en matière d’énergies renouvelables, en matière de captation du CO2.

Imaginer des financements innovants Pour financer la transformation des économies, des moyens de financement innovants doivent être sans nul doute imaginés. Comme après la Seconde Guerre mondiale, faut-il imaginer, à l’échelle planétaire, un plan Marshall de la transition énergétique ? Faut-il créer aux côtés du FMI et de la Banque mondiale, un Fonds International du changement climatique ? Les engagements pris à l’occasion des différentes COP pourront-ils rester purement incitatifs ou devront-ils avoir force de loi ? La capacité à limiter autant que possible l’augmentation de la température de la planète dépendra sans nul doute des réponses apportées à ces questions.

Auteur/Autrice

  • Philippe Crevel est un spécialiste des questions macroéconomiques. Fondateur de la société d’études et de stratégies économiques, Lorello Ecodata, il dirige, par ailleurs, le Cercle de l’Epargne qui est un centre d’études et d’information consacré à l’épargne et à la retraite en plus d'être notre spécialiste économie.

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