« l’Armo Ricain, dernier ouvrage de Tangi Colombel, Breton de Floride multi-talent »

« l’Armo Ricain, dernier ouvrage de Tangi Colombel, Breton de Floride multi-talent »

Tangi Colombel mérite plus qu’un autre le qualificatif d’homme orchestre. Difficile d’assigner ce breton de naissance à une seule identité artistique quand l’homme a exploré avec bonheur le jeu d’acteur au théâtre et à la télé, ému un large public en chanson et découvert plus récemment les joies de l’écriture.

Un destin entre Bretagne, Paris et Floride.

En self-made man de la culture, cet ancien élève du Cour Simon n’était pas destiné forcément à monter sur scène à Paris ou à Miami, dans un destin transatlantique que  son enfance à Loudéac en Bretagne ne laissait pas deviner car se déroulant hors des sentiers balisés de celles et ceux qui baignent dans la créativité depuis leur plus tendre enfance. Entre scoutisme et solide bande de copains, ce Breton au coeur ouvert a su pousser les murs étroits de tous les conformismes sociaux, a accepté de s’arracher à sa terre,  pour tracer son propre chemin et vivre ses rêves les yeux ouverts.

Son histoire est  désormais depuis 20 ans celle d’un français de l’étranger, d’un « Armo Ricain » qui vit aux Etats-Unis et y travaille avec acharnement pour aller au bout de ses projets de créativité et d’accomplissement professionnel.

Son premier récit romancé, « La Saint Tous Là » paru il y a deux ans, lui avait permis de « se raconter » comme le font ces conteurs habiles qui savent manier sincérité et auto-dérision pour embarquer leur auditoire et ne plus le lâcher.

Un deuxième récit qui retrace l’itinéraire d’un globe trotter.

Son  nouvel opus nous met sur les traces d’un globe trotter, qui a su quitter sa « tribu » bretonne  pour céder à ses impulsions et ses aspirations d’ailleurs, qui l’ont vu atterrir sur les rivages ensoleillés de Palm Beach en Floride pour y profiter de l’amour partagé. Dans ce récit efficace et entrainant nous découvrons un personnage haut en couleur qui nous livre dix années initiatrices qui plairont aux lecteurs avides de destins hors normes comme aux compatriotes de l’étranger qui reconnaitront aussi les enjeux liés à l’expatriation, entre apprentissage linguistique et bain culturel dans des environnements nouveaux. Le sens de l’adaptation du breton,  l’énergie personnelle de l’artiste, l’audace de l’homme seront  ses viatiques pour réinventer en permanence sa vie. 

Nous avons pu échanger avec cet auteur heureux que nous vous invitons à découvrir à travers cet entretien exclusif.

@Tangi Colombel

Boris Faure : « Tangi, voilà un premier récit romancé qui paraît naturel au regard de votre personnalité riche et créative. Il y a la scène et il y a désormais la plume. Expliquez-nous s’il vous plait ce passage par l’écrit pour raconter votre vie : pourquoi ce livre ? »

Tanguy Colombel : Tout d’abord, il s’agit d’un deuxième opus. Le premier, « La Saint Tous Là » relate l’histoire de ma famille un peu haut perchée dans une petite ville de Bretagne, au cœur des années 80. Le titre est un hommage à ma mère qui nous a quittés bien trop tôt et qui souhaitait écrire cet ouvrage. Elle se plaignait qu’il puisse y avoir des jours pour célébrer la Saint Patrick, la Sainte Marie… mais qu’il n’y ait pas de jour spécifique pour célébrer le fait que nous sommes tous à la maison. Elle a donc baptisé toutes nos réunions familiales les « Saint-Tous-Là », car nous étions tous présents au bercail. Vous l’aurez compris, ce livre est une ode à la famille dans un joyeux et parfois douloureux capharnaüm. Et je mets au défi quiconque de ne pas retrouver un peu de la sienne entre les pages.

Ce premier ouvrage a été rédigé lors des semaines de confinement, alors que je n’étais plus en mesure d’exercer mon art, puisque les représentations de mon cabaret d’alors « Pardon My French » avaient toutes été annulées. En Floride, nous n’avons été bloqués que trois petites semaines. Mais elles ont été suffisantes pour écrire le premier jet du roman, le squelette je dirais. Preuve en est que cette histoire n’attendait qu’à être écrite. Il m’aura fallu ensuite un an et demi pour le peaufiner et le rendre présentable. Je n’en menais pas large lorsque je l’ai publié. Et alors que je m’attendais à en vendre une centaine d’exemplaires à la famille et aux amis, le bouquin a fait son bonhomme de chemin, a parcouru le monde et s’est vendu à plus de mille copies.

Devant cette petite victoire, l’idée m’est venue d’en écrire la suite. D’autant que, lorsque l’on commence à écrire, on finit par y prendre goût et cela devient addictif. J’avais envie de partager avec mes Laverdures, comme j’aime à appeler mes lecteurs, mon passage depuis la Bretagne jusqu’aux plages de Palm Beach. Une sorte de chronique sur une période de 10 ans, dans lequel je conte les anecdotes qui ont ponctué ma vie de jeune bachelier, d’étudiant, de soldat, de bécassine arrivant à Paris, d’apprenti acteur et finalement de globetrotteur. Un récit initiatique drôle et émouvant où j’évoque toutes les personnes qui ont marqué ma vie, les bonnes et les mauvaises, et qui ont fait de moi l’homme droit dans ses bottes que je suis aujourd’hui. Sans jamais oublier la famille, les parents et les sœurs, qui interviennent régulièrement dans ce deuxième roman, pour rassurer le jeune poulain dans ses délires artistiques et amoureux. Pour me démarquer, le lancement du livre s’accompagne d’un jeu concours pour gagner un vol AR Paris Miami, parce que comme j’aime à le répéter à mes lecteurs « Vous aussi vous avez le droit à votre rêve américain ».

Des rencontres qui ont fait l’homme droit dans ses bottes que je suis

B.F : « Vous avez tenu à assumer une part fictionnelle dans votre propos. Pourquoi ce choix et pouvez nous en dire plus sur ce filtre de la fiction même si l’essentiel reste autobiographique ? »

T.C : Je vous replonge en enfance et dans les dessins animés de RécréA2. « Au pays de Tangi, il y a des méchants et des gentils ». Le choix de la part fictionnelle vient du fait que je tenais à ne pas nommer les personnages peu sympathiques qui évoluent au cours des récits du premier et du deuxième roman. Je ne suis pas là pour faire du name shaming comme on le dit si bien aux États-Unis. J’ai donc volontairement changé leurs identités. De plus, j’ai modifié mon nom de famille. Ce changement s’est opéré naturellement lors de la rédaction, comme s’il me permettait de prendre du recul par rapport à l’histoire, et ainsi mieux visualiser ce que j’écrivais. Enfin, même si tous les éléments sont vrais, ils ne se sont pas forcément tous déroulés dans cet ordre-là. Par honnêteté vis-à-vis du lecteur, j’ai préféré ajouter « romancé » afin de jouer la transparence.

@Tangi Colombel

Une écriture qui joue sur la transparence et l’honnêteté

B.F : « Dans votre itinéraire, “la Sainte Trinité” montre votre besoin de fraternité. Votre installation aux USA est aussi le fruit d’une rencontre. Peut-on dire que plus qu’un autre l’humain est au centre de votre vie ? »

T.C : Ce livre aurait pu être un ego-trip, comme autant d’autres autobiographies à la gloire d’un auteur. Mais je n’ai pas été élevé comme ça. Au sein de notre foyer, nous étions des maillons qui formions une chaîne. Et chaque partie de cette chaîne se devait de tenir le coup pour ne pas briser sa fragile résistance. L’autre était donc tout aussi important que soi. Il en reste l’envie, le besoin d’aller vers l’autre et en effet, de fraterniser. Du moins, de laisser à la personne en face une chance de le faire. Il arrive aussi que l’on soit déçu, malheureusement. Cependant, on retire toujours quelque chose de positif de ces aléas. Tout au long de ma vie, je n’ai jamais hésité à aller vers l’autre, à faire un bout de chemin ensemble et à évoluer façon vases communicants. Ces personnes sont l’essence même de ce livre, c’est à elles que je souhaite rendre hommage. Et puis bien sûr, au fur et à mesure des rencontres, je finis par croiser l’amour, qui m’invite à franchir l’Atlantique et… je ne vais pas tout divulgâcher.

B.F : « Vous avez la chance de connaître la scène et de gagner votre vie comme acteur aux USA. Les conditions sont parfois rocambolesques et on sent aussi que vous évoluez toujours sur un fil. Quel souvenir gardez-vous de cette période ? »

T.C : La vie d’un acteur est juste sublime quand on est surbooké et un vrai cauchemar quand le téléphone ne sonne plus. Tous les acteurs vous le diront. Mes premiers pas en tant que comédiens à la sortie du cours Simon à Paris ont en effet été des plus rocambolesques et soyons honnête, pathétiques. Entre auditions kafkaïennes, théâtres insalubres, textes minables, et premiers cachets à la télévision pour des émissions trashs, j’aurais pu jeter l’éponge rapidement. Mais, ma génération n’avait peur de rien et il fallait mettre les mains dans le cambouis, si on voulait faire démarrer le moteur. Et puis, à force de crocher dedans, de jolis projets finissent par voir le jour et on comprend pourquoi on a tourné le dos aux études « normales » pour tenter sa chance sur les planches. Il m’en reste une sensation de douce folie et de courage. Mes camarades et moi étions prêts à tout. Nous allions souvent droit dans le mur, mais dans la bonne humeur et en nous arrêtant à tous les cafés.

Tenter sa chance sur les planches et vivre une douce folie

B.F : « On ne racontera pas tout du livre, mais il puise aussi dans une enfance où l’éducation religieuse et le scoutisme comptent. Cela peut apparaître comme étonnant pour une personne devenue très libre dans ses choix personnels et professionnels. Y a-t-il un paradoxe ? »

T.C : Je ne le vois pas comme un paradoxe. En effet, la religion avait une place importante dans l’éducation. Néanmoins, les parents avaient une façon bien particulière de vivre leur chrétienté. Déjà, ils étaient ouverts aux autres cultes. Mon père disait souvent « en communion avec nos frères juifs et musulmans ». Ils lisaient également beaucoup de livres sur la réincarnation, les EMI (Expériences de Mort Imminent) à l’époque où ça n’était pas très catholique. Ils se faisaient taper sur les doigts, mais ils n’en avaient cure. Cette ouverture d’esprit et cette liberté de penser nous ont inspiré, nous les enfants. En grandissant, nous avons choisi de penser librement et de prendre nos distances par rapport à la religion, ce que les parents ont respecté. Tout en gardant les valeurs fondamentales à savoir le respect, l’amour, l’ouverture, qui sont d’ailleurs des valeurs humanistes, et qu’ils ont laissé infuser en nous le temps de notre enfance.

Couverture de l'Armo-Ricain

Ouverture d’esprit et liberté de penser

B.F : « Vous êtes devenu un français de l’étranger et la vie entre deux continents, deux ou trois cultures (la Française l’Américaine et la Bretonne) sont-ils toujours des atouts ou ce destin comporte-t-il des chausse-trappes ? »

T.C : Je dirais même quatre cultures, puisqu’il a fallu se mettre à l’espagnol et au rythme latino-américain, omniprésent dans le sud de la Floride. Je me suis toujours vu caméléon, je me suis toujours senti à l’aise où que je sois. Cela me vient sans doute de mon absence de jugement. J’aime les gens, d’emblée, et si je perçois du répondant et du respect en face, alors, faisons un bout de chemin ensemble. Je pense que c’est mon atout principal. Maintenant, je remercie l’école française où j’ai reçu une éducation hors pair, je remercie les valeurs parentales, je remercie l’âme bretonne, je remercie mes années parisiennes. Tous ces acquis sommeillaient en moi et quand j’ai posé mon premier pied aux États-Unis, ils se sont épanouis et m’ont permis de faire mon trou, je serais tenté de dire, organiquement. Une rencontre en a amené une autre, un job m’a ouvert les portes du suivant, je n’ai jamais eu à me battre, la vie m’a gâté. À l’exemple de cette rencontre avec Sandrine Kukurudz, qui m’a accueilli sur sa plateforme Rencontre des Auteurs francophones et qui m’a permis de participer à différents salons du livre à New York, Bruxelles et bientôt Saint-Paul-lès-Dax. À croire que mon père a raison, je suis protégé par une armada d’anges gardiens.

B.F : « Quels conseils donneriez-vous à de jeunes écrivains ou acteurs tentés par les USA ? »

T.C : Ma culture chrétienne n’est jamais loin, je vais citer les mots du pape Jean-Paul II, ça ferait plaisir à ma mère : « N’ayez pas peur ». C’est la peur qui nous bloque. Si vous avez des rêves, réalisez-les. Par contre, donnez-vous les moyens d’y parvenir. Une expatriation, ça s’organise. L’anglais, ça se travaille. Rien n’arrive sans rien, surtout pas aux États-Unis. Ici on vous demandera de travailler plus que vous ne l’avez jamais fait, sans congés ni aides sociales. En ce qui concerne l’écriture, pour certains, c’est instinctif. Je vous conseille cependant de prendre quelques cours auprès de professionnels, ça ne fait jamais de mal à personne. Et pour publier votre ouvrage, vous avez les maisons d’édition bien sûr. Il existe aussi l’auto-édition, moins prestigieuse, mais qui vous permet de vous lancer seul et qui sait, de vous faire connaître. Pour les acteurs en herbe, passage obligé par un cours de théâtre, d’improvisation, de stand-up, de comédie musicale. Soyez polyvalents à l’Américaine, danse, chant, comédie. Enfin, on en parle un peu plus et il était temps : faites attention à ce milieu qui est plein de pièges. Je les ai expérimentés moi-même, j’y ai échappé et c’est tant mieux. Faites attention, le monde du spectacle est rempli de gens retors qui peuvent user de votre naïveté pour vous jouer de vilains tours.

Conseil aux jeunes auteurs : N’ayez pas peur.

B.F : « Un prochain ouvrage en cours d’écriture peut être ou de nouveaux projets ? »

T.C : J’ai déjà deux nouveaux dossiers sur mon ordinateur, avec un, la suite de ce roman, et deux, une vraie fiction. Je ne sais pas vers lequel je vais m’orienter. Je rêve aussi de refaire du cinéma, de la télévision et de remonter sur les planches en français à Paris ou ailleurs, pour retrouver la saveur de la langue de Molière. Je me tiens à la disposition de toute personne intéressée par l’idée, fort de mon expérience et de la rigueur américaine. À bon entendeur.

Tangi Colombel vous invite aussi à participer à un jeu concours pour gagner un Aller-Retour pour la Floride.

affiche concours portrait

Toutes les informations sont disponibles ici.

Vous pouvez également retrouver son ouvrage juste ici

Auteur/Autrice

  • Boris Faure est l'ex 1er Secrétaire de la fédération des expatriés du Parti socialiste, mais c'est surtout un expert de la culture française à l'étranger. Il travaille depuis 20 ans dans le réseau des Instituts Français, et a été secrétaire général de celui de l'île Maurice, avant de travailler auprès des Instituts de Pologne et d'Ukraine. Il a été la plume d'une ministre de la Francophonie. Aujourd'hui, il collabore avec Sud Radio et Lesfrancais.press, tout en étant auteur et représentant syndical dans le réseau des Lycées français à l'étranger.

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