Le Pavillon France à Dubaï, un franc succès

Le Pavillon France à Dubaï, un franc succès

L’Expo 2020 a ouvert ses portes le 1er octobre et s’annonce comme l’un des événements majeurs du monde post-pandémique. L’Expo de Dubaï a maintenu son objectif ambitieux de 25 millions de visiteurs. Pour y parvenir, ses allées doivent se remplir. Et vite. En fin d’année 2021, la manifestation « la plus populaire au monde après les Jeux olympiques et la Coupe du monde de foot » avait enregistré moins de 7 millions de passages. De quoi réveiller l’inquiétude des exposants et des organisateurs. A un an du Mondial programmé chez les voisins du Qatar, les Emiratis veulent encore réussir leur expo. Au milieu de toutes les constructions nationales, le Pavillon France détonne, immense, immaculé. D’une superficie de 5000 m² utiles, il s’affirme comme le 5e plus grand pavillon de l’exposition du sulfureux émirat.

©Marc Landré

Une exposition reportée d’un an

L’Expo 20-20 (dire vingt vingt) a été reportée d’un an du fait de la Covid. Elle se déroule alors que les Émirats Arabes Unis fêtent le cinquantenaire de leur création. Il couronne huit années de préparation, de réflexion et de travail. Une première pour le Moyen-Orient, l’Afrique et l’Asie du Sud, à un an de la Coupe du monde qui se tiendra dans le riche pays voisin, le Qatar.

La première exposition universelle s’était tenue à Londres en 1851 au Crystal Palace, une structure construite pour l’occasion. Et à Paris, l’exposition de 1889 avait dévoilé la Tour Eiffel. Cette fois encore on découvre des merveilles architecturales et des innovations technologiques dans ses nombreux pavillons, représentant plus de 190 pays, un record.

Au centre de tout, il y a Al-Wasl Plaza, une enceinte futuriste en forme de dôme, symbole de l’architecture islamique. Beaucoup de spectacles s’y déroulent, dès la tombée de la nuit. Des projections et effets de lumières illuminent sa vertigineuse voûte. Tout autour, en cercles excentriques, s’étalent trois districts orientés autour de trois thèmes : mobilité, durabilité, opportunité. Chacun est organisé autour d’un pavillon central où une exposition expose le thème, de manière assez simpliste, on s’adresse au plus grand nombre !

Le Pavillon Mobilité, construit par l’agence Foster + Partners, est sans doute le plus réussi. Quant à Terra, le pavillon signature, il est composé de dix-huit arbres énergétiques et de 4912 panneaux solaires. Cherchez l’allusion. Le grand consommateur de clim’ qui se fait écolo ? C’est peut-être parce qu’il a atteint un point culminant que l’émirat commence à virer casaque…. « Le monde verra ce que nous savons faire, nos capacités à innover. Ce sera un événement exceptionnel, […] qui traduira la vision de nos dirigeants bien avisés au service de la croissance durable, de la paix, de la stabilité et de la prospérité. […] Nous ferons d’une expo grandiose un héritage civilisationnel éternel pour l’histoire des peuples. Il restera gravé dans la mémoire comme une étape majeure » déclarait lors de l’inauguration le prince héritier de l’émirat, Hamdan ben Mohammed ben Rachid Al-Maktoum.

Un peu Disney, un peu Cop 26 (beaucoup de bons sentiments), cette expo qui attire des visiteurs de toutes les nationalités est une véritable Tour de Babel. L’ambiance est festive mais plutôt calme, la discipline drastique. Passe sanitaire, masques, kilolitres de gel et autres précautions pour éviter de transformer ce vaste campus en cluster géant.

Un pavillon France qu’on remarque à Dubaï

Le pavillon France culmine à 21 mètres de hauteur, ce qui en fait le 8e pavillon le plus haut de l’exposition, offrant une vue panoramique incroyable sur l’ensemble du site, et notamment le Pavillon Mobilité.

Le Pavillon France recèle bien d’autres caractéristiques qui en font l’un des plus beaux, et pour tout dire, l’un des plus attendus de l’exposition universelle. Incarnant admirablement bien la thématique de la lumière choisie par la France, il est recouvert de 2500 m² de tuiles solaires photovoltaïques en façade et en toiture, qui lui permettent d’être vu de très loin, et même, dit-on, depuis… l’espace. Artistiquement, et même si c’est difficile à déceler sur place à l’œil nu, l’assemblage des tuiles photovoltaïques représente un morceau des Nymphéas de Claude Monet, peintre s’il en est de la lumière.

La «peau» du pavillon est ornée de pas moins de 20.000 ampoules LED (c’est l’œuvre du cabinet BOA Light Studio) qui donnent au bâtiment une apparence et un rayonnement différents à chaque heure du jour de la nuit. «Nous avons cherché à plonger les visiteurs dans la vibration de la lumière», expliquent les architectes. Plus précisément, «une invitation à la promenade dans un espace de lumière en mouvement entre ciel et terre», concept assez complexe qu’on ne saisit que sur place…

Porte ouverte sur la France

Le Pavillon France surprend également par son agencement car les visiteurs y entrent via une surface, à ciel presque ouvert, de 1160 m² de jardins, ce qui est très original et osé pour la région compte tenu de la chaleur qui y règne. Une esplanade gigantesque, véritable porte ouverte sur la France, ornée d’arbres pour la fraîcheur et d’œuvres artistiques confiées à l’artiste Sépand Danesh, plasticien franco-iranien formé aux Beaux-Arts de Paris, et à lille3000 pour faire patienter les visiteurs. Le mobilier urbain est coloré et des sculptures sophistiquées sont dotées de QR codes pour inciter les plus petits à se lancer dans un jeu de piste inhabituel. On y trouve aussi une exposition dédiée aux textiles innovants français.

©Marc Landré

L’autre originalité de ce bâtiment, c’est qu’il est entièrement démontable. «Ça faisait partie du cahier des charges», indique,

au Figaro, Pascal Grabli, l’un des architectes qui a conçu le Pavillon. Il sera d’ailleurs démonté à l’issue de l’exposition, au printemps 2022, pour être ramené en France par bateau dans quelque 200 conteneurs afin d’être remonté à Toulouse, au CNES précisément, en bureaux classiques, espaces de coworking, amphithéâtres, salles de réunion, locaux d’accueil des partenaires étrangers.

Ultime particularité: le Pavillon France est autonome énergétiquement à 70% (il fait très chaud sur place – 48° en ressenti lors du week-end d’ouverture – et la climatisation tourne à fond) grâce à sa couverture de tuiles solaires photovoltaïques conçue par l’entreprise Akuo qui transforment l’énergie du soleil en électricité. Le bâtiment est également doté d’un système de refroidissement (pas besoin de chauffage) et de sa propre usine de traitement des eaux usées.

Auteur/Autrice

  • Samir Kahred a suivi ses parents dont le père était ingénieur dans une succursale du groupe Bouygues. Après une scolarité au Lycée français et des études au Caire, il devient journaliste pour des médias locaux et correspond pour lesfrancais.press

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