L’économie de la Russie, après six mois de guerre

L’économie de la Russie, après six mois de guerre
L’économie de la Russie, après six mois de guerre

L’économie de la Russie ne s’est pas effondrée en grande partie grâce aux recettes issues du gaz et du pétrole. Faisant face à des embargos comptant parmi les plus sévères de ces deux cents dernières années, dans un système qui s’est entre-temps mondialisé, le pays commence cependant à souffrir économiquement. 

Au-delà des embargos croisés, la Russie maintient un niveau élevé de recettes pour ses exportations de pétrole, de gaz naturel, et aussi de charbon grâce à l’augmentation des cours sur les marchés mondiaux. Les exportations de pétrole ont diminué de près de deux millions de baril jour mais le prix du baril est passé de 60 à plus de 90 dollars. Les flux de gaz vers l’Europe qui atteignaient 400 millions de mètres cubes par jour avant le déclenchement de la guerre en Ukraine, ne dépassent plus 90 millions. Depuis le mois de février 2021, le prix du mégawattheure de gaz est passé de 30 à 90 euros (fin septembre) après avoir atteint plus de 300 au cœur de l’été.

Des recettes d’exportation de 330 milliards de dollars 

économie russe

Les recettes d’exportations d’énergie annualisées de la Russie sont passées de 250 milliards de dollars à 330 milliards de dollars entre 2019, avant l’épidémie de covid-19, et septembre 2022. Elles ont retrouvé leur niveau d’avant 2015, année marquée par la baisse des cours en lien avec l’essor du pétrole de schiste et une crise en Russie. 

Si la Russie engrange des recettes d’exportations, elle souffre de son incapacité à importer de nombreux produits occidentaux. Les importations russes sont passées de 350 milliards de dollars en rythme annuel de fin décembre 2020 à 200 milliards de dollars en septembre. L’excédent commercial atteint plus de 400 milliards de dollars mais est difficilement mobilisable économiquement.

Un recul de la production 

Le départ des entreprises occidentales, l’embargo sur les produits technologiques (notamment les semi-conducteurs) conduisent à un recul important de la production dans certains secteurs. Celle de l’industrie automobile a chuté de 30 % depuis le mois de mars. Les productions agro-alimentaires et chimiques résistent néanmoins assez bien.

Recul du PIB, forte inflation 

Dans ce contexte, le PIB pourrait reculer de 5 à 8 points cette année, sur fond de forte inflation qui pourrait cette année dépasser 15 %. La consommation des ménages pourrait se contracter de 10 % tant par manque de biens qu’en raison de la hausse des prix. 

Si les Occidentaux s’entendent pour plafonner le prix d’achat du pétrole russe, le pays pourrait subir une baisse de ses recettes d’exportations, les autres acheteurs ne souhaitant pas payer plus cher. Le difficile accès aux biens technologiques pourrait à terme pénaliser le secteur de l’énergie et celui de la chimie ainsi que celui de la fabrication des armements. 

L’effort de guerre pourrait également peser sur la croissance d’autant plus que le Kremlin a dû recourir à une mobilisation partielle.

Auteur/Autrice

  • Philippe Crevel est un spécialiste des questions macroéconomiques. Fondateur de la société d’études et de stratégies économiques, Lorello Ecodata, il dirige, par ailleurs, le Cercle de l’Epargne qui est un centre d’études et d’information consacré à l’épargne et à la retraite en plus d'être notre spécialiste économie.

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