L’Europe soulagée après le sommet de l’OTAN

L’Europe soulagée après le sommet de l’OTAN

Les membres de l’OTAN se sont accordés pour porter les dépenses de défense de 2 % à au moins 3,5 % de leur PIB national, avec 1,5 % supplémentaires dédiés aux infrastructures. Mais l’exploit réel, côté européen, aura peut-être été d’avoir su composer avec celui qui a un jour qualifié l’Alliance d’« obsolète » : le président américain Donald Trump.

Le bon déroulement des discussions doit beaucoup au secrétaire général de l’OTAN, Mark Rutte, fin connaisseur des ressorts diplomatiques et des exigences de son hôte. Il a soigneusement cadré le programme du sommet, qu’il a adapté à la capacité d’attention réputée fluctuante de Donald Trump, et n’a pas ménagé ses efforts pour flatter le président américain. Ce dernier a notamment été logé dans une suite du palais royal néerlandais.

" Les dirigeants de l’OTAN ont commencé à construire une Alliance plus forte, plus juste et plus efficace. "

«[Donald] Trump a clairement indiqué que les États-Unis étaient attachés à l’OTAN», a-t-il ajouté. Mais le président américain a également «clairement indiqué que les États-Unis attendaient des alliés européens et du Canada qu’ils contribuent davantage. Et c’est exactement ce que nous les voyons faire».

Fidèle à lui-même, Donald Trump n’a pas tardé à revendiquer l’intégralité du succès : selon lui, cette hausse budgétaire est une conséquence directe de ses pressions répétées sur les alliés européens, qu’il accuse depuis des années de profiter de la protection américaine sans en assumer les coûts. Il a salué l’accord comme une « victoire monumentale » pour Washington.

La veille, le président américain avait semé la confusion en remettant une nouvelle fois en question l’engagement des États-Unis envers la clause de défense mutuelle de l’OTAN alors qu’il se rendait à La Haye à bord de l’Air Force One présidentiel.

Puis, le lendemain, il a adopté un ton plus conciliant, affirmant que Washington était avec les alliés « jusqu’au bout». Selon des témoignages provenant de la salle où se tenait la réunion des dirigeants, Donald Trump s’est montré très amical avec ses homologues.

Cette brève accalmie n’a pas dissipé les tensions, car la satisfaction du président américain se fait au détriment des autres. Le nouvel engagement des membres de l’OTAN prévoit une révision des dépenses d’ici 2029 qui tiendra compte d’une réévaluation de la menace sécuritaire posée par la Russie, laissant la porte ouverte à de nouveaux ajustements à l’avenir.

Donald Trump arrivant au sommet de l'OTAN aux Pays-Bas
Donald Trump arrivant au sommet de l'OTAN aux Pays-Bas

Dérogation pour l’Espagne

Le texte semble laisser à l’Espagne une marge de manœuvre suffisante pour maintenir ses dépenses à 2,1 %, à condition que l’armée espagnole fournisse les capacités requises par l’Alliance. Les deux parties peuvent se targuer d’avoir remporté une victoire, du moins pour l’instant.

Donald Trump a toutefois clairement indiqué mercredi qu’il ne laisserait pas le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez s’en tirer à bon compte. Il a promis des représailles commerciales si Madrid continuait à traîner les pieds.

« Nous négocions un accord commercial avec l’Espagne. Nous allons leur faire payer deux fois plus cher. Et je suis très sérieux à ce sujet. Ils veulent profiter un peu du système, mais je ne vais pas les laisser faire »

Et l'Ukraine ?

Contrairement au sommet de Vilnius en 2023 ou à celui de Washington en 2024, le président Volodymyr Zelensky a été écarté de la session principale, une concession apparente aux préférences de Donald Trump.

Les relations entre Donald Trump et Volodymyr Zelensky sont depuis longtemps tendues et ont dégénéré en une catastrophe avec un violent affrontement public lors de la visite du dirigeant ukrainien à la Maison-Blanche fin février.

Mais la rencontre très attendue entre les deux hommes à La Haye s’est déroulée sans incident, et Donald Trump et Volodymyr Zelensky ont tous deux qualifié leur conversation de «bonne».

Cette rencontre n’a débouché sur aucun résultat concret, mais même une conversation agréable peut constituer un modeste succès diplomatique lorsque la chimie entre deux personnalités peut dicter l’issue des relations internationales.

Tout semble aller pour le mieux dans l’Alliance de Donald Trump. «Je suis venu ici parce que c’était mon devoir, mais je repars avec un sentiment différent», a expliqué Donald Trump aux journalistes avant de monter à bord de l’avion du retour.

« Je pars en disant que ces gens aiment vraiment leur pays, que ce n’est pas une arnaque, et que nous sommes ici pour les aider à protéger leur pays. »

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