Un Niçois accusé de meurtre en prison aux Seychelles

Un Niçois accusé de meurtre en prison aux Seychelles

C’est une lettre adressée à ses amis, écrite dans la cellule d’une prison des Seychelles, un cri d’innocence. Incarcéré depuis le 5 mai, Thomas Debatisse, un Français âgé de 34 ans, est soupçonné du meurtre d’Emmanuelle, la jeune femme de 32 ans qui partageait sa vie. « On m’a volé mon deuil, sali mon nom et empêché de rendre un dernier hommage, entouré de mes proches, à ma compagne, c’est une douleur insupportable et permanente », écrit-il dans ce courrier daté du 12 septembre, où il s’affirme « détenu sans aucune preuve » et « impuissant ».

Pendue dans la salle de bain

Que s’est-il passé le 27 avril dernier au Club Med de l’île Saint-Anne, sur l’archipel des Seychelles? Ce jour-là, en vacances avec sa compagne Emmanuelle Badibanga, Thomas Debatisse, street artiste connu sous le pseudonyme d’Otom, la retrouve pendue dans la salle de bains de leur chambre d’hôtel. Malgré les tentatives de réanimation, rien n’y fait, la trentenaire succombe à ses blessures.

La situation va vite s’obscurcir pour ce Niçois de 34 ans. Selon l’enquête des autorités locales et après autopsie du corps, la victime ne serait pas morte d’une pendaison mais d’une strangulation et Thomas Debatisse est placé en prison le 5 mai, où il se trouve depuis maintenant six mois pour ce qui serait en réalité un meurtre déguisé en suicide. Selon la justice seychelloise et l’article 194 de son Code pénal, il risque la prison à vie.

Contre-autopsie

En parallèle de l’enquête locale, une autopsie menée en France après le rapatriement du corps vient contredire les conclusions des Seychelles. « Selon les examens effectués lors de l’autopsie en France, les éléments sont en faveur d’une pendaison et pas d’une strangulation », souligne ainsi Xavier Bonhomme, procureur de la République de Nice. Le rapport ne fait pas non plus état de coups et écarte des violences.

A cela, il faut rajouter d’autres éléments qui pourraient innocenter Thomas Debatisse, listés auprès de BFMTV par Richard Sédillot, l’avocat de l’artiste.

« En retrouvant les témoins, en examinant les films et les caméras de surveillance, il ne fait pas l’ombre d’un doute qu’il ne pouvait pas se trouver dans la chambre où le drame est intervenu à l’heure du décès », explique-t-il.

Thomas Debatisse dans un courrier à sa famille

De son côté, l’avocat de la famille de la jeune femme rappelle uniquement qu’une enquête est en cours.

« Une douleur insupportable »

Depuis sa cellule, Thomas Debatisse a écrit une lettre à sa famille et ses amis dans laquelle il clame son innocence et décrit la situation et l’état d’esprit dans lesquels il se trouve.

« On m’a volé mon deuil, sali mon nom et empêché de rendre un dernier hommage, entouré de mes proches, à ma compagne. C’est une douleur insupportable et permanente »

Thomas Debatisse dans un courrier à sa famille
Thomas Debatisse

Même sentiment pour l’artiste Brian Caddy, qui a raconté à 20 Minutes sa relation avec le prévenu. Il assure ne pas croire à un coup de folie.

« Ça fait 15 ans que je peins avec lui, que je le côtoie, il a toujours tout fait pour partager dans l’art, pour rassembler, pour transmettre énormément d’amour. Et là, il aurait tué la femme qui partageait sa vie depuis plus d’un an et avec qui il avait énormément de projets ? »

Brian Caddy

En juin dernier, 20 Minutes expliquait que la police seychelloise pourrait également être sur la piste d’un second suspect, une information qui n’avait pas été confirmée par le procureur de la République de Nice. Comme souligné par Le Parisien, Thomas Debatisse, récemment transféré dans le centre de détention principal du pays, attend désormais la fin de l’enquête seychelloise et un renvoi devant le tribunal.

S’il est condamné, il pourra demander une mesure de transfèrement afin de faire la peine selon le code pénal français.

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