Un prix Nobel de chimie pour l'expatriée qui inventa les "ciseaux Crispr"

Un prix Nobel de chimie pour l'expatriée qui inventa les "ciseaux Crispr"

La Française Emmanuelle Charpentier et l’Américaine Jennifer Doudna ont remporté ce mercredi 7 octobre le prix Nobel de chimie. Celles-ci sont à l’origine d’une découverte biomédicale majeure : les « ciseaux Crispr » qui permettent aux scientifiques de couper l’ADN exactement là où ils le veulent pour par exemple créer ou corriger une mutation génétique et soigner des maladies rares.

Une française qui étudia et enseigna dans le monde entier

Emmanuelle Charpentier étudie la biochimie et la microbiologie en France, puis poursuit sa formation à l’Institut Pasteur (1992-1995). Elle obtient en 1995 un doctorat en microbiologie à l’Université Pierre-et-Marie-Curie.

L’expérience américaine

À partir de 1996, elle entame différents post-doctorats aux États-Unis à l’Université Rockefeller à New York, au centre médical universitaire de l’Université de New York au Skirball Institute à New York et au St. Jude Children’s Research Hospital (en) à Memphis1.

Un ancrage scientifique européen

En 2002, elle obtient un contrat de chef d’un groupe de recherche en tant que professeur invitée puis assistante professeur à l’Université de Vienne en Autriche. Elle y reste jusqu’en 2009. Cette année, elle est nommée professeure associée à l’Université d’Umeå, en Suède, où elle prend la tête d’une équipe de recherche.

En 2013, c’est le retour, partiel, en Allemagne. Elle y devient professeur à la faculté de médecine de Hanovre et au Centre for Infection Research de Brunswick.

A partir de 2014, elle est titulaire de la Chaire Alexander von Humboldt et partage, donc, son temps entre les trois institutions d’Umeå, Hanovre et Brunswick2. En 2015, Emmanuelle Charpentier, une nouvelle fonction lui est attribuée comme directrice de l’Institut Max-Planck d’infectiologie à Berlin. Enfin, en 2018, elle est consacrée en prenant par ses pairs la tête du Centre de recherche Max Planck pour la Science des Pathogènes.

En avril 2014, la société CRISPR Therapeutics qu’elle co-fonde avec Rodger Novak et Shaun Foy, annonce avoir levé vingt-cinq millions de dollars de fonds afin de développer, à des fins thérapeutiques, l’édition génétique basée sur la technologie CRISPR-Cas93,4,5.

« un outil pour réécrire le code de la vie »

le jury du prix Nobel

Des « ciseaux moléculaires »

Cette récompense leur est décernée pour la mise au point d' »une méthode d’édition des gènes », avec « un outil pour réécrire le code de la vie », a souligné le jury à Stockholm en annonçant la récompense. La Française, 51 ans, et l’Américaine, 56 ans, deviennent les sixième et septième femmes à remporter un Nobel de chimie depuis 1901. 

En juin 2012, les deux généticiennes et des collègues décrivent dans la revue Science un nouvel outil capable de simplifier la modification du génome. Le mécanisme s’appelle Crispr/Cas9 et est surnommé « ciseaux moléculaires ». Si la thérapie génique consiste à insérer un gène normal dans les cellules qui ont un gène défaillant, comme un cheval de Troie, afin qu’il fasse le travail que ce mauvais gène ne fait pas, Crispr va plus loin : au lieu d’ajouter un gène nouveau, l’outil modifie un gène existant. 
Il est facile d’emploi, peu coûteux, et permet aux scientifiques d’aller couper l’ADN exactement là où ils le veulent, pour par exemple créer ou corriger une mutation génétique et soigner des maladies rares. 

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