Ursula von der Leyen cherche une majorité à gauche alors que la confiance se dégrade

Ursula von der Leyen cherche une majorité à gauche alors que la confiance se dégrade

Les équilibres politiques qui ont émergé après les élections européennes de juin ont changé le projet initial d’Ursula von der Leyen, qui cherchait le soutien de la droite de l’hémicycle européen pour sa réélection à la tête de la Commission européenne. Elle se tourne désormais vers les Verts pour s’assurer une majorité, mais la confiance reste une question épineuse.

Pour être réelue par le Parlement européen lors d’un vote qui aura lieu le 18 juillet, Ursula von der Leyen compte sur le soutien du Parti populaire européen (PPE) de centre droit, des Socialistes et Démocrates européens (S&D) et des libéraux de Renew, qui se sont engagés à former une coalition centriste pro-UE au cours de la prochaine législature (2024-2029).

Le PPE dispose de 188 sièges, les socialistes de 136 et les libéraux de 76, ce qui lui assure une majorité de 400 sièges sur les 720 que compte l’Union européenne.

Cependant, étant donné que le vote du 18 juillet est à bulletins secrets, le PPE a déjà noté qu’il pourrait potentiellement perdre jusqu’à 15 % des votes des membres individuels des groupes de la coalition des trois groupes.

Le PPE n’est pas certain que tous les socialistes voteront pour leur candidate, tout comme certains législateurs issus de leurs propres rangs, notamment les délégations française et autrichienne.

Face à ces incertitudes, le 1er juillet, Ursula von der Leyen a entamé des discussions avec les Verts en vue d’obtenir leurs 53 voix pour sa reconduction à la barre de l’exécutif européen.

L’eurodéputé écologiste Bas Eickhout a confié à Euractiv que l’objectif de ces discussions était de voir si les Verts pouvaient rejoindre la majorité en mettant l’accent sur le fait de ne pas faire marche arrière sur le Pacte vert pour l’Europe (Green Deal).

Le PPE semble quant à lui divisé sur la question de savoir avec qui collaborer.

Lors d’un entretien avec Euractiv en septembre 2023, le secrétaire général du PPE, Thanasis Bakolas, avait déclaré que les Verts devraient faire partie de la coalition pro-UE.

« Je pense que le PPE, les socialistes, les libéraux et les Verts sont des éléments politiques au sein de l’UE qui ont garanti la bonne direction de notre Union », avait alors soutenu M. Bakolas.

Cependant, quelques mois plus tard, des responsables politiques de centre droit — dont le chef du PPE Manfred Weber et Ursula von der Leyen elle-même — ont déclaré qu’ils étaient ouverts à une collaboration avec les éléments « sains » de la droite, tels que l’Italienne Giorgia Meloni, excluant ainsi les Verts.

Les socialistes européens ont réagi et exclu tout soutien à Mme von der Leyen si un membre du groupe des Conservateurs et Réformistes (CRE) tel que le parti Fratelli d’Italia de Mme Meloni faisait partie de la coalition pro-UE.

Cependant, les divisions au sein du PPE semblent persister. Le coordinateur du groupe l’agriculture, Herbert Dorfmann, a expliqué à Euractiv mardi (9 juillet) que Mme von der Leyen « ne devrait pas chercher le soutien des Verts » afin d’éviter les situations observées lors de la précédente législature où elle s’est davantage concentrée sur les questions environnementales et « a négligé » les agriculteurs.

Le Green Deal relancé ?

Le soutien des Socialistes et Démocrates, deuxième groupe au Parlement européen, étant nécessaire pour assurer une majorité, Mme von der Leyen a finalement choisi de se tourner vers les Verts. Cependant, la confiance reste un problème dans leur relation.

« Il y a vraiment un problème de confiance entre le PPE et les Verts. Nous ne pouvons pas leur faire confiance quant à leur soutien total, et c’est un point sur lequel nous devons travailler pour rendre la coalition pro-UE aussi forte que possible », a expliqué une source du groupe de centre droit à Euractiv.

Cette même source a ajouté qu’en s’ouvrant aux Verts, le PPE « n’avait rien à perdre ». « Les Verts sont des forces pro-UE […] il n’y a pas de danger à se rallier à eux. »

Pour leur part, les Verts insistent sur la poursuite du Green Deal, alors que le PPE a appelé avant les élections à adopter une approche « pragmatique ».

« Le Green Deal est une loi, et tout le monde le reconnaît […], mais [l’application de ces lois] doit prendre en compte l’aspect économique », a souligné la source du PPE.

Et le manque de confiance semble être réciproque. Outre la politique, les Verts envisagent de placer des fidèles à des postes clés au sein de la bureaucratie de l’UE — comme des présidents de commission — craignant que le PPE ne choisisse de gouverner avec le parti nationaliste CRE une fois Mme von der Leyen élue. Mais les socialistes ont également placé le Green Deal au premier rang de leurs priorités pour la prochaine législature.

Un document consulté par Euractiv intitulé « Demandes clés 2024-2029 » suggère que les politiques environnementales clés existantes devraient rester inchangées.

« Les réalisations faites jusqu’à présent dans le cadre du Green Deal européen, du paquet “Ajustement à l’objectif 55” [Fit for 55] et de l’objectif 2030 doivent rester en place », peut-on lire dans le document.

Le PiS polonais indécis

Le groupe CRE, qui dispose actuellement de 78 sièges, tente de trouver sa place dans ce nouveau paysage politique.

Initialement pressenti pour devenir le troisième plus grand groupe au Parlement européen, dépassant Renew, il a toutefois dû céder cette place au groupe d’extrême droite nouvellement formé Les Patriotes pour l’Europe (84 eurodéputés). Il est désormais le quatrième plus grand groupe, au coude-à-coude avec Renew.

La position du parti Fratelli d’Italia, membre du groupe CRE disposant de 24 sièges, sur la reconduction d’Ursula von der Leyen est toujours incertaine. La cheffe de file du parti, Giorgia Meloni, s’est abstenue lors du vote des dirigeants de l’UE sur le choix de l’Allemande pour présider la prochaine Commission au début du mois.

Le parti polonais Droit et Justice (PiS), l’autre grande délégation du groupe CRE (20 sièges), n’a pas encore officiellement annoncé son soutien à Mme von der Leyen, a indiqué le bureau de Joachim Brudziński, coprésident du groupe, à Euractiv Pologne, ajoutant que la décision serait prise « dans un avenir proche ».

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