Vulnérabilité extérieure de la France 

Vulnérabilité extérieure de la France 

La France se caractérise par un déficit de sa balance courante. Celui-ci s’explique par un solde négatif important au niveau des échanges industriels, compensé en partie par un excédent au niveau des services et des capitaux. C’est à Roland Lescure désormais de relever ce défi, le député des Français d’Amérique du Nord vient d’être nommé Ministre délégué à l’industrie. Olivier Becht, en charge des Français de l’étranger, sera aussi mobilisé sur ce front en tant que Ministre délégué au commerce international et à l’attractivité de la France.

L’énergie coûte cher

L’autre poste important de déficit au sein de la balance courante est lié aux échanges de produits énergétiques. Avec la guerre en Ukraine, il s’est accru. La France dégage ses excédents essentiellement avec le tourisme (pour près d’une trentaine de milliards d’euros) et dans les services non informatiques (une cinquantaine de milliards d’euros) quand le solde industriel et celui dans le secteur de l’énergie sont, l’un et l’autre, déficitaires d’environ 100 milliards d’euros. 

Au niveau des revenus des capitaux, la France continue à recevoir plus qu’elle ne verse, respectivement 5 et 4 % du PIB. 

Bateau déchargeant des hydrocarbures à Marseille ©AFP

La France paie au prix fort la petite taille de son industrie. En 2022, ce secteur n’emploie plus que 9 % des salariés français, contre 15 % en 1995 et 40 % en 1973. La valeur ajoutée manufacturière représente 9,5 % du PIB en 2021, contre 12 % dans les années 1990. La dépendance énergétique de la France reste forte malgré le rôle joué par le nucléaire. Les importations d’énergie s’élèvent au début de l’année 2022 à plus de quatre points de PIB, contre 2 % en 2002. La France doit faire face cette année à l’arrêt de plusieurs centrales nucléaires et à la raréfaction du gaz qui alimente certaines centrales thermiques. Elle est contrainte durant certaines périodes d’importer de l’électricité. EDF a également décidé d’exploiter à nouveau une centrale au charbon pour faire face à la demande.

Des emplois à faible valeur ajoutée 

La France a opté pour des emplois à faible valeur ajoutée en se spécialisant dans des activités de services peu sophistiquées. Depuis le début du siècle, l’emploi a perdu un quart de ses effectifs dans le secteur manufacturier quand, dans le même temps, il a augmenté de 30 % dans les services à la personne, dans l’hébergement, la restauration et les transports. 

Si les entrées de capitaux sont élevées en France, elles sont avant tout l’expression des délocalisations opérées depuis trente ans par les entreprises du CAC40. Elles rapatrient les profits réalisés à l’étranger. Ces profits compensent en partie les déficits industriels français. Le déficit de la balance courante de la France reste limité du fait des excédents au niveau des services et des capitaux. Il pèse néanmoins sur la croissance et constitue un point faible qui révèle la dégradation structurelle de l’économie française sur fond de baisse de la qualité des emplois, de désindustrialisation et de délocalisations.

Auteur/Autrice

  • Philippe Crevel est un spécialiste des questions macroéconomiques. Fondateur de la société d’études et de stratégies économiques, Lorello Ecodata, il dirige, par ailleurs, le Cercle de l’Epargne qui est un centre d’études et d’information consacré à l’épargne et à la retraite en plus d'être notre spécialiste économie.

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